Entr'actes / Hiéroglyphes : « C'est pas de l'art thérapie! »
Scène

Entr’actes / Hiéroglyphes : « C’est pas de l’art thérapie! »

Le Carrefour international de théâtre a commandé une pièce sur-mesure à Entr’actes, une création collective pour célébrer les 20 ans de l’organisme qui loge au Centre culture et environnement Frédéric Back. 

Ce spectacle-là, intitulé Hiéroglyphes, c’est « la cerise sur le sundae ». Deux décennies après la mise sur pieds d’Entr’actes, le directeur artistique Jean-François F. Lessard tenait absolument à le préciser et il y reviendra par ailleurs (très) souvent en entrevue. « On n’est pas rien qu’un organisme qui s’occupe de personnes handicapées. C’est pas ça qu’on est. C’est un questionnement sur le métissage social, c’est un questionnement sur nos limites. Limites intellectuelles, physiques, mais aussi émotives. »

Entr’actes se divise d’ailleurs en deux volets : les productions professionnelles (comme Hiéroglyphes ou Nid d’coucou) et les ateliers de formations. « On prend ça au sérieux, on travaille de façon rigoureuse mais on n’a pas la prétention de dire que notre volet formation équivaut à un Conservatoire, à une formation concentrée en trois ans. Mais y’en a qui suivent notre volet formation depuis une dizaine d’années et ils commencent à être bons. »

Bons? C’est presque un euphémisme. Au début de l’hiver 2016, Entr’actes présentera Matéo et la suite du monde au Théâtre de la Bordée. Une pièce écrite par Lessard qui met en vedette deux membres de la troupe toute sauf amatrice du quartier Montcalm, soit Mathieu Bérubé-Lemay et Julien Fiset-Fradet. Sur scène avec eux : la lumineuse Frédérique Bradet (Changing Room, Le NoShow), la polyvalente Marie-Hélène Gendreau et le quasi légendaire Jack Robitaille. C’est pas de la petite bière.

 

Laisser une trace

La production multidisciplinaire Hiéroglyphes sera présentée un soir seulement, à la demande de Marie Gignac du Carrefour qui voulait faire de ce spectacle un événement immanquable parce qu’éphémère. La mise en scène a, d’ailleurs, été confiée à Jean-François F. Lessard.

Jean-François F. Lessard (Courtoisie)
Jean-François F. Lessard (Courtoisie)

Pour l’occasion, c’est neuf auteurs établis qui ont fait équipe avec autant de membres d’Entr’actes. Mais attention : c’est pas du mentorat. « Ils se sont influencés mutuellement. C’est pas une dynamique de « je viens aider la personne handicapée ». C’est une rencontre sur le plan artistique. » Parmi les personnalités littéraires et les « théâtreux » invités : Steve Gagnon, Véronique Côté, Isabelle Forest, Jean Désy, Arleen Thibault et Patric Saucier.

Les histoires vont dans tous les sens, de l’écriture « très sénécalienne » de Mathieu Bérubé Lemay en passant par le poème geek et cru de Geneviève Duclos et l’autofiction. « On a un texte écrit par Erika SoucyJulien Fiset-Fradet raconte l’histoire d’un show punk, une soirée intitulée le Festicrasse qui avait lieu au bar le Kameleon à Limoilou. Pis dans le slam un moment donné  il rencontre une fille et il passe du coup de poing à la séduction. Erika Soucy a écrit un texte qui raconte le point de vue de la fille. »

 

Des invités de marque

C’est le toujours déroutant Érick D’Orion, dont on a récemment pu apprécier le travail dans Rouge Ketchup, qui a été mis en charge de composer la musique du spectacle. Des projections de Kevin Dubois ont également été pensées pour bonifier la scénographie de Karine Mecteau-Bouchard. Des décors qui viennent unir les différents textes qui n’ont pas forcément de lien entre eux sinon que le large thème de la trace. « Sur scène on se retrouve à être avec un paquet de toiles qui sont comme des feuilles. C’est comme s’il y avait un grand livre ouvert et c’est toiles là, tranquillement disparaissent pour laisser découvrir différents objets qui rappellent les textes.»

Un choix artistique qui fait bien du sens, puisque Hiéroglyphes est avant tout une lecture. « Y’a ce désir-là de déconstruire l’acte de lire ce qui fait que des fois, oui, on va être sur le lutrin mais des fois on le lâche et ça devient chorégraphié. »

 

Mercredi le 27 mai à 20h

Grand Théâtre de Québec

(Dans le cadre du Carrefour international de théâtre de Québec)

 

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