Alain Platel / tauberbach : Danse sur la merde
FTA 2015

Alain Platel / tauberbach : Danse sur la merde

Sur scène? Cinq danseurs, une actrice et un « shitload » de vêtements empilés les uns sur les autres. Alain Platel nous présente tauberbach, un spectacle dont la scénographie s’inspire des dépotoirs. 

Tous les ingrédients sont réunis pour une bonne claque au visage : un décor intensément bordélique, une gestuelle brute et presque violente, une trame sonore non conventionnelle. Et là, le dernier mot est faible. « Tauberbach vient de l’allemand et veut dire « musique de Bach chanté par les sourds », mais j’ai récemment appris que c’était le nom d’une toute petite rivière en Allemagne. Le titre vient d’un CD que j’utilise pour la pièce, c’est l’œuvre de l’artiste polonais Artur Żmijewski  qui fait chanter Bach par des sourds. Au début c’est vraiment choquant, mais ça confère un aspect surréel à la pièce. »

Voici un extrait du fameux disque.

En revanche, la conception du décor repose sur des éléments hyper concrets. Des vêtements, essentiellement, empilés partout sur la scène et à peu près n’importe comment. Une esthétique pour rappeler le film Estamira (2004), un documentaire sur une femme du Brésil qui vit sur une décharge avec d’autres aînés marginaux.

« Les vêtements éparpillés partout c’est, d’une certaine manière, une image très forte. On utilise notre propre stock de vêtements et c’est drôle parce que certains danseurs de la compagnie reconnaissent des costumes qu’ils ont déjà portés. Ça vient chercher une part de nostalgie. »

 

Un monsieur important

Le metteur en scène flamand Alain Platel n’est pas né de la dernière pluie. C’est lui l’initiateur des Ballets C de la B, une troupe de danse contemporaine à géométrie variable qui obtient un vibrant succès en Belgique et partout dans le monde depuis 1984. Sidi Larbi Cherkaoui, chorégraphe bien connu des aficionados de la danse québécois, en a d’ailleurs déjà fait partie. Le mantra officiel de la compagnie?  « Cette danse s’inscrit dans le monde, et le monde appartient à tous. »

Pourtant, Platel ne se destinait pas à parcourir le globe avec son art. « J’ai un bagage en psychologie et pédagogie, c’est un hasard si je suis entré dans le  monde de la danse. Au début, je faisais même danser des membres de ma famille dans mes pièces!  […] J’ai arrêté d’être orthopédagogue après cinq ans et avant je ne voyais pas de lien entre mon ancien métier et ce que je fais aujourd’hui. Mais tout a changé quand je me suis vu dans un reportage. Ça m’a révélé certaines choses, mais j’imagine que je ne suis pas si pire parce que je n’ai pas eu de plainte de mes danseurs! » Une dernière phrase, une déclaration évidemment suivie de près par des rires francs.

Ce document vidéo-là, c’est Like It There?, un portrait de l’actrice néerlandaise Elsie de Brauw qui danse par ailleurs dans la tauberbach. Une réelle vedette aux Pays-Bas qui a remporté deux Theo d’Or de la meilleure actrice, l’équivalent de nos Jutra. Nul besoin de s’étendre sur le fait que, forcément, il s’agit là d’une (très) rare occasion d’apprécier son talent d’interprète en sol nord-américain.

 

Montréal

Du 29 mai au 1er juin

Monument national

(dans le cadre du FTA)

 

Québec

Mercredi 3 juin à 20h

Grand Théâtre de Québec

(dans le cadre du Carrefour international de théâtre)