Luc Guérin / Le combat des chefs : Barouf à Niagara!
Scène

Luc Guérin / Le combat des chefs : Barouf à Niagara!

Finies, les comédies à la française: cet été, le Théâtre du Vieux-Terrebonne propose Le combat des chefs, une pièce canadienne-anglaise dont la rocambolesque action est campée dans un restaurant de Niagara Falls! Entrevue avec le comédien Luc Guérin.

Avec ses vieux complices Benoît Brière et Martin Drainville, Luc Guérin fait partie d’un trio comique de choc au Théâtre du Vieux-Terrebonne. Ces trois-là maîtrisent les codes du genre comme peu savent le faire au Québec et ils aiment se réinventer et varier les répertoires. Ainsi, après avoir exploré une veine comique très typiquement française ces deux dernières années, avec les pièces La puce à l’oreille (Feydeau) et La monnaie de la pièce (Didier Caron et Roland Marchisio), les voici dans un nouveau territoire, chez les auteurs canadiens Marcia Kash et Douglas E. Hughes. «Oui, les Canadiens anglais peuvent être drôles!», rigole Luc Guérin, qui affirme que cette pièce est une vraie perle de comédie.

«Ce qui nous a plu dans cette pièce, explique-t-il, c’est le côté vintage. Ça se passe au début des années 1930, c’est la récession, mais aussi la prohibition, et en plus ça se passe à Niagara Falls! On a trouvé à tout ça beaucoup de charme. Mais, surtout, c’est une excellente comédie de situation, dans une écriture également pleine de répartie, ce qui en fait un texte vraiment bien balancé entre le comique physique et le comique verbal. On voulait aussi revenir à une énergie plus nord-américaine.»

Si le monde de la restauration est en soi propice à la comédie et permet de fameux lazzis, les ressorts comiques du Combat des chefs sont davantage à trouver dans les personnages, attachants et loufoques. «Déjà, dans le geste d’ouvrir un resto en période de récession, il y a une folie qui est très typique du personnage un peu naïf que joue Benoît Brière. C’est la première porte d’entrée comique, et la pièce se densifie grâce aux autres personnages.»

Il se trouve que M. Bubbalowe a engagé un chef français de réputation internationale, qui est aussi un chanteur d’opéra. Mais ce chef ne se présentera pas: le gouvernement canadien le soupçonne d’être communiste. Pendant ce temps, un malfrat cache dans le sous-sol 200 caisses d’alcool appartenant à un mafioso, et ce qui devait être une comédie de restaurant se transforme en comédie policière, quand débarquent la gendarmerie et des agents d’Immigration Canada. «Il y a aussi des clins d’œil sonores un peu bédéesques, dit Guérin, une tonalité un peu clownesque qu’a développée le metteur en scène René Richard Cyr

C’est le «festival de l’accent», dit le comédien pour évoquer le fait que le spectacle s’amuse avec les archétypes culturels, multipliant les accents et jouant d’un certain folklore. Son personnage, l’arnaqueur Frank Plunkett, est un pauvre homme ayant fait le tour du Canada en quête d’un emploi, qui tente sa chance chez Irving Bubbalowe en se faisant d’abord passer pour un Français, puis un Italien, devenant témoin, au passage, d’un crime qu’il n’aurait pas dû voir. «Il devra mentir, jouer des rôles, puis sera menacé. Ça permet des explorations physiques comiques que j’adore – on s’amuse beaucoup là-dedans.»  

Luc Guérin partage avec ses camarades «le plaisir d’aborder une partition théâtrale comme une partition musicale», mais, insiste-t-il, si la pièce risque d’être si drôle, c’est parce qu’ils y auront trouvé la «Vérité». «La pièce est comique pour le spectateur, mais les situations sont malheureuses pour les personnages. Pour que ça fonctionne, il faut chercher la vérité de ce malheur, de cette tragédie. On y arrive bien à date, alors ça promet.»

Dès le 11 juin au Théâtre du Vieux-Terrebonne