Marie Charlebois / Un souper d’adieu : Des amis qui vous veulent du bien
Avec Un souper d’adieu, de Matthieu Delaporte et Alexandre de La Patellière (auteurs du succès Le prénom), Marie Charlebois s’offre un pur moment de bonheur à mettre en scène une pièce humoristique cet été au Théâtre Juste pour rire Bromont. Entretien.
Quand leurs amitiés de longue date commencent à profondément les ennuyer, Pierre (Stéphane Demers) et Clothilde (Maude Guérin) ont l’idée de convoquer leurs vieux amis à un repas d’adieu pour mettre fin en douceur à ces relations. «Il y a un côté cruel dans cette idée de se dire: je vais inviter quelqu’un à souper, je vais lui donner ce que j’ai de meilleur et ne lui parler de rien, ne pas lui dire que je me pose des questions sur notre amitié pour ensuite le supprimer, le mettre à la corbeille. C’est un peu similaire avec ce qu’on fait sur Facebook avec nos amis virtuels et nos fausses amitiés qui donnent le sentiment d’être moins seuls, alors que finalement tout ça est faux.»
Le couple convoque une première victime, Antoine (Antoine Vézina), à ce souper tout particulier. Une façon de mettre fin à leur amitié en apparence franche et honnête, qui traduit cependant une certaine hypocrisie, «une tendance à la paresse d’entretenir de vraies relations», observe Marie Charlebois, «dans les relations d’aujourd’hui qui sont parfois simplement virtuelles». Même que le personnage de Pierre, si confiant de la pertinence du souper d’adieu, réalisera l’erreur qu’il est en train de commettre ainsi que l’importance de son amitié avec Antoine.
«Est-ce qu’il faut passer par là? J’aime me poser la question, surtout en ce moment, avec ce qu’on vit avec nos millions d’amis virtuels. Je trouve que même, parfois, on défend des causes, on porte des pancartes, mais est-ce qu’on s’intéresse vraiment à l’autre qui est dans notre vie, proche de nous, qui est seul? Est-ce qu’on va prendre le temps d’être vraiment là et ne pas passer notre temps à regarder nos messages ou sur Facebook, au cas où quelqu’un nous veuille quelque part?»
Un souper d’adieu est aussi une pièce qui se veut amusante et divertissante, riant de nos travers et de nos rapports humains parfois chaotiques. Une pièce qui permet à sa metteure en scène de toucher à ce genre qu’elle affectionne et d’apprécier à nouveau le travail que requiert la comédie. «Ça demande énormément de rigueur et d’écoute, sinon on tombe dans un jeu plus naturaliste, moins théâtral. La comédie, pour moi, c’est la comédie de situation. Il faut bien puncher pour décoller de la réalité: c’est ce que je suis en train de faire avec cette pièce.»
Entourée de trois comédiens avec qui elle désirait travailler, Marie Charlebois, qui a signé en plus de 15 ans de nombreuses mises en scène, s’avoue emballée par ce projet de comédie. «On dirait que j’ai ça dans le sang. De le partager avec les autres, de diriger des acteurs là-dedans, c’est un bonheur extraordinaire pour moi.»
Dès le 10 juin au Théâtre Juste pour rire Bromont