Montréal Complètement Cirque / Circa / Beyond : Nous sommes des animaux
Cirque acrobatique, souvent teinté de danse contemporaine, mais aussi cirque féministe et pulsionnel dans le spectacle Beyond: la compagnie australienne Circa visite à nouveau Montréal en ouverture du festival Montréal Complètement Cirque.
Du cirque féministe? C’est ainsi, du moins, que le Guardian a décrit le spectacle Beyond, tissé d’acrobaties aériennes dans lesquelles les voltigeurs sont toujours envoyés dans les airs par des porteuses. Rares sont encore les spectacles de cirque qui osent ce renversement des rôles traditionnels et qui placent la femme dans la position de celle qui propulse son partenaire. La compagnie australienne Circa, habituée de la scène montréalaise, l’a pourtant toujours fait et pousse ce travail à son paroxysme dans Beyond, une pièce qui explore l’animalité logée en chaque être humain, vêtissant ses acrobates de grosses têtes de lapin ou de costumes à poils longs. Les femmes y sont omniprésentes et dominantes, déployant leur force avec un naturel saisissant, dans une pièce qui se joue des stéréotypes du genre.
Interrogeant l’animalité primitive, «car nous avons tous un animal en nous», comme l’a souvent dit en entrevue le directeur artistique Yaron Lifschitz, le spectacle associe chaque acrobate à un animal, duquel il s’inspire pour créer une gestuelle mais aussi pour créer un rapport avec les autres. L’animal est exploré de manière littérale, mais également métaphorique et symbolique, le spectacle glissant peu à peu vers l’onirisme. Certains y voient une incarnation aérienne et vertigineuse d’Alice au pays des merveilles, alors que d’autres soulignent les réflexions darwinistes auxquelles invite ce spectacle de cirque pas comme les autres.
Un peu partout en Europe, on l’a décrit comme un spectacle surréaliste où des hommes et femmes à tête de lapin se croisent dans un monde aérien et une tonalité burlesque. Car on rit également beaucoup dans Beyond, si l’on se fie à la majorité des critiques qui en ont souligné l’humour parfois proche du vaudeville.
Trapèze et mât chinois sont utilisés abondamment dans ce spectacle qui, comme toujours dans les mises en scène de Lifschitz, se déploie sur des musiques au haut potentiel narratif et émotif. De Bonnie Tyler (Total Eclipse of the Heart) à Frank Sinatra, en passant par Amanda Palmer, les succès se mettent au service de la poésie acrobatique.
Du 1er au 5 juillet à la Tohu, dans le cadre du festival Montréal Complètement Cirque