Le Cirque du Soleil / Le monde est fou : Jean-Phi Goncalves (Plaster, Beast) remixe Beau Dommage
Même si le Cirque du Soleil a été vendu à des intérêts étrangers ce printemps, les patrons texans produisent toute une trilogie en hommage aux Québécois à Trois-Rivières. Les héros du premier épisode de cette série patriotique? Ginette (celle avec ses seins pis ses souliers à talons hauts) et le Géant Beaupré.
La piste 7 du premier vinyle de Beau Dommage agit comme un leitmotiv dans Le monde est fou, spectacle mis en scène par Jean-Guy Legault, déjà bien connu pour son Théâtre du Vaisseau d’Or. De l’aveu de ses collègues, la dualité entre ville et campagne lui aurait donné pas mal de jus.
Jean-Phi Goncalves, quant à lui, a été recruté pour concevoir la trame sonore en ajoutant des synthés et d’autres bidouillages électro aux pièces originales. «C’est à toucher avec des pincettes, ce band-là, parce que ça fait partie du patrimoine», confie-t-il. Or, cette pression-là et son respect immense pour le groupe de Rivard et compagnie l’ont forcé à travailler comme un genre d’archéologue du son. Comme un moine. «J’ai eu accès aux tracks originales des albums. […] C’est sur des bobines de tape et c’est arrivé de je sais pas trop où en Ontario. Ça dormait là depuis qu’ils les avaient enregistrées. Ils ont jamais ressorti ces bandes-là.» En tout, c’est une quinzaine de chansons qui ont été réarrangées pour provoquer «un mélange de travail de studio des années 1970 avec un travail de studio des années 2010».
Ce n’est pas la dernière fois que Goncalves collabore avec un cirque. En 2011, c’est lui qui avait signé la musique pour iD du Cirque Éloize, qui continue de tourner et qui est actuellement en résidence à Amsterdam. «L’acrobate va risquer sa vie tous les soirs avec ce numéro-là. Il faut qu’il soit soutenu d’une manière ou d’une autre, et la musique c’est un peu ce qui lui donne les cues et ce qui lui donne la drive aussi.»
Précision importante: il n’y aura pas de musiciens sur scène, ou un peu en retrait, comme c’est généralement le cas dans un spectacle du Cirque du Soleil. Idem pour les chanteurs. «C’était pas dans l’équation de changer les voix. C’est trop significatif du band! Dans ma tête et dans celles de toute l’équipe, c’est vraiment la dernière affaire qu’on aurait enlevée!»
«On veut surtout pas faire un spectacle nostalgique»
Daniel Fortin est le directeur de création du spectacle. C’est lui qui a formé l’équipe et qui a demandé aux artistes de se tenir loin des mièvreries souvent propres aux hommages. «On veut surtout pas faire un spectacle nostalgique. Je trouve qu’au Québec, on est souvent nostalgiques quand on revient sur des vieux groupes, mais nous c’est le contraire, et c’est un peu ce que Jean-Phi a fait avec la musique. […] Sa musique est extraordinaire. On est tous charmés par son point de vue sur la musique de Beau Dommage.»
En tout, Le monde est fou compte huit numéros en plus des transitions. Des moments touchants et d’autres voués à faire rire. «Ginette est très drôle», s’exclame M. Fortin. «C’est un beau personnage. On voulait qu’elle ait son style, alors elle a le jumpsuit vert qui flashe et puis la perruque un peu inspirée des cheveux de Marie Michèle.»
Du 15 juillet au 15 août
Amphithéâtre Cogeco de Trois-Rivières