Papillon raconte le rock au Zoofest
ZOOFEST 2015

Papillon raconte le rock au Zoofest

Il a bourlingué sur les routes pour faire du rock, puis il a été agent d’artistes. L’industrie musicale québécoise n’a pas de secrets pour Papillon, qui raconte ça d’une parole crue, comme d’hab, dans son spectacle solo Papillon raconteur rock au Zoofest. Discussion sans fla-fla avec un rockeur volubile.

«Ce n’est pas un show autobiographique», prévient Stéphane Papillon au bout du fil, après ses 9 cafés matinaux. «Les anecdotes que je raconte dans le show viennent parfois de ma vie, mais ce n’est pas Papillon qui vous invite à venir entendre ses mémoires. Ce serait prétentieux et sans intérêt.»

Il a joué dans plein de bands, a fait carrière solo, a été producteur et gérant, a «roulé des fils» et «chauffé le truck»: Papillon est omniprésent sur la scène rock québécoise et il y connaît tout le monde. Rockeur sale, dit-on parfois. Rockeur irrévérencieux, disent les autres. On pourra maintenant le dire raconteur rock.

Mais ceux qui aiment les histoires salaces de sex’drug’rock’n’roll seront déçus: elles ne composent même pas la moitié du spectacle Papillon raconteur rock. Certes, il va raconter quelques épisodes d’«intoxication intense» ou quelques «galères de tournée», mais le spectacle se présente surtout comme une aventure de mise en perspective du rock à partir d’un regard lucide sur une industrie en  mutation.

«Être libre comme l’air et être un bum qui vit dans un truck, c’est ben l’fun, mais j’ai été tanné un moment donné d’attendre après le téléphone pour savoir si le festival de la truite enchantée allait m’appeler pour une gig. C’est pour ça que je suis vite devenu un entrepreneur culturel et que, quand le numérique est arrivé et que les ventes de disques ont chuté, j’ai été aux premières loges mais j’ai aussi refusé de tenir un discours pessimiste. L’industrie du disque va mal, mais je côtoie aujourd’hui des kids de 19 ans qui ne sont pas pollués par l’ancien système. Ils savent que c’est rough, mais leur rêve est inébranlable et ils ont une force extraordinaire. Ceux qui continuent dans ce métier le font pour les vraies raisons. Et c’est beau.»

Voilà l’une des observations que Papillon a noté, au fil des ans, dans l’un de ses nombreux carnets. Les pages de notes ont servi de matière première à ce spectacle qui oscille entre les anecdotes croustillantes, les grandes vérités sur la scène rock québécoise («un micromilieu où fourmillent le mensonge et les relations malsaines») et une dose de sociologie du dimanche. «Le contexte dans lequel j’ai vécu cette vie de rock, c’est un Québec en pleine transformation, où la question de la langue chantée et du bilinguisme a fait couler beaucoup d’encre récemment parce qu’elle est emblématique de notre identitié. C’est l’un des sujets qui m’intéressent. J’ai toujours aimé mêler musique et enjeux sociaux.»

Accompagné du bassiste Marc Gendron, un compagnon de route de longue date, Papillon va improviser un peu sur scène: pas question de tout écrire à la ligne près. Ce serait mal le connaître.

«Je vais peut-être me casser les dents, dit-il. Mais j’suis ben prêt à manger un ou deux coups de bâton. On verra.»

 

Du 15 au 18 juillet aux Katacombes, dans le cadre du Zoofest