Zone Homa / Jean-Simon Traversy / Y paraît : Les Y démultipliés
Scène

Zone Homa / Jean-Simon Traversy / Y paraît : Les Y démultipliés

Le comédien Jocelyn Lebeau et le metteur en scène Jean-Simon Traversy réfléchissent à la génération Y en convoquant 11 auteurs aux profils variés dans le spectacle Y paraît.

Les Y sont-ils des enfants-rois? Des accros à la porno? Des narcissiques aveuglés par leur propre reflet? D’utopiques militants de gauche? Quand on cherche à définir les contours d’une génération, les nuances prennent souvent le bord. En se lançant dans ce projet de spectacle éclaté sur les Y, Jean-Simon Traversy et Jocelyn Lebeau ont bien vu qu’il y a un peu de vrai dans tous ces clichés mais aussi beaucoup de fabulation. Il faut nuancer le portrait: ils ont bien l’intention de s’y consacrer.

«À force de vouloir mettre la loupe sur notre génération, dit Traversy, on se rend compte que le concept de génération est flou et qu’au fond, on n’est pas si différents de ceux qui nous ont précédés. En 2015, les Y commencent à peine leur trentaine. Ce n’est pas un vécu assez riche pour déterminer vraiment de quoi est faite cette génération. On est encore dans les premiers chapitres de notre histoire, on n’est pas encore dans les positions de pouvoir en politique, ni dans le secteur privé, ni dans les milieux artistiques. Le regard qu’on peut porter sur nous est encore naïf, je pense. Mais déjà, dans notre cocktail d’auteurs, le discours est différent de la pensée ambiante, et ça fait du bien.»

C’est Jocelyn, qui, seul en scène, va porter les mots de Julie Bergeron-Proulx, de Simon Boulerice, de François Descarie ou de Rabii Rammal (entre autres). C’est aussi lui qui a eu l’idée de partir à la recherche de paroles diverses, quêtant des textes à des auteurs qu’il aime, leur demandant des monologues explorant tantôt leur rapport au religieux, tantôt à l’argent, à l’image ou aux réseaux sociaux. Certains sont auteurs de théâtre (même René-Daniel Dubois est de la partie); d’autres sont essayistes, chroniqueurs ou profs de philo. Leurs histoires sont variées, leurs points de vue contrastés, leurs langues dissemblables. Un beau défi pour l’acteur.

«Le texte de Gabriel Robichaud, dit le metteur en scène, est vraiment intéressant parce qu’il montre le Y dans un environnement rural, dans une histoire de loyauté masculine, d’amitié et de trahison. On entend généralement moins parler de ce Y-là, dont les préoccupations sont bien différentes de celles du trentenaire cool et urbain. Gabriel a une écriture très américaine.»

Puis, retour en ville avec le texte d’Alexandre Murray, racontant l’adulescence éternelle de «l’oiseau de nuit qui a soif de débauche». Chez Jonathan Roy, dans une «écriture poétique très puissante», est explorée la nostalgie d’une enfance pas si lointaine et anticipé un futur dont «tout est encore à écrire». Le philosophe Ludvic Moquin-Beaudry, plus habitué à écrire des discours pour Gabriel Nadeau-Dubois que des monologues pour le théâtre, a exploré la piste de l’engagement social des Y, imaginant un dialogue entre un jeune Québécois et un jeune Syrien.

Amant d’écritures dialogiques réalistes et ciselées, Jean-Simon Traversy évolue ici dans un nouveau territoire et, dit-il, il se fera modeste. «L’idée est de créer un espace pour faire apparaître la parole, de faire en sorte qu’elle puisse irradier, que les écritures se déploient dans toute leur force et leur variété.»

Le 23 juillet à la Maison de la culture Maisonneuve

Dans le cadre de Zone Homa