Les Trois mousquetaires : La grande épopée
Scène

Les Trois mousquetaires : La grande épopée

Rares sont les productions aussi imposantes pendant la saison estivale. Avec Les Trois Mousquetaires, Serge Denoncourt signe une mise en scène énergique et précise où tout a été employé pour épater, divertir et faire rire.

Il ne se perd pas une seconde dans cette chorégraphie colossale de pivotements de décor, changements de lieux, déplacements de comédiens et arrivées de nouveaux personnages. L’énorme structure sur deux étages devient le théâtre des multiples manigances, trahisons, amours et passions qui se mêlent aux aventures du jeune d’Artagnan. Le rythme est précis, les transitions, sans faille, ce qui n’empêche pas que les changements de lieux deviennent parfois tout à fait étourdissants. Ce qui fait d’abord le charme visuel de la scène devient bien vite lassant, mais laisse découvrir les éclairages réussis d’Anne-Marie Rodrigue Lecours et les magnifiques costumes de François Barbeau.

Serge Denoncourt n’a négligé aucun personnage et s’y trouve probablement là la plus grande force de ce spectacle de grande envergure. Chacun des dix-huit personnages a été minutieusement travaillé, souvent poussé à l’extrême et caricaturé. Bien qu’on ne retrouve pas une grande subtilité au spectacle, il est cependant admirable de la part du metteur en scène d’avoir su donner une couleur particulière aux personnages de Dumas; aucun personnage ne semble secondaire ou d’importance moyenne. On retrouve entre autres un Louis XIII extravagant, léger et préoccupé par des choses amusantes et futiles (Benoît Landry), un cardinal de Richelieu sobre, mais cruel et malicieux (Luc Bourgeois) et Jean-Moïse Martin, hilarant dans le rôle de Rochefort, un «méchant» caricaturé à outrance. Mani Soleymanlou, en Planchet, s’impose tout particulièrement par son jeu vif, juste et lumineux. Philippe Thibault-Denis offre tout ce que le rôle de d’Artagnan requiert : une énergie constante, une fougue athlétique et une douce candeur, qui en font une figure parfaite pour la figure centrale des mousquetaires. Julie Le Breton est impeccable en Milady cruelle, manipulatrice et sans pitié.

La musique de Philip Pinsky, tout à fait appropriée aux combats d’épées, aux déplacements et aux trop nombreux pivotements du décor se range toutefois du côté du mélodrame lorsqu’arrivent des scènes plus tendres, comme pour suggérer à tout prix une émotion à l’assistance, ce qui vient malheureusement enlever une part de crédibilité à la scène et au jeu des comédiens. Elle ponctue toutefois le rythme sans faille des scènes qui se succèdent sans hésitation.

La mise en scène ne propose pas de relecture ou de propositions surprenantes, mais elle trouve tout à fait sa place dans un cadre estival comme celui-ci. Serge Denoncourt y a cependant réalisé un véritable tour de force en y trouvant et y ajoutant de nombreuses touches d’humour, qui se retrouvent souvent à des moments inattendus et placés avec justesse à l’intérieur des scènes. L’amoureux de Dumas se butera peut-être à un spectacle trop burlesque pour lui, moins dans la recherche de sens que dans l’action et le spectaculaire, tandis qu’un vaste public y passera certainement un bon moment, témoin de performances impressionnantes et du savoir-faire de concepteurs de talent.

Les Trois Mousquetaires est présenté au TNM jusqu’au 16 août et en supplémentaires les 19, 20, 21, 22, 25 et 26 août 2015.