Zoofest / Le plus de sketchs possible à faire avec un lit: De l'impro de chambre à coucher
ZOOFEST 2015

Zoofest / Le plus de sketchs possible à faire avec un lit: De l’impro de chambre à coucher

Montréal, paradis de l’impro, s’est depuis longtemps affranchie de la joute sur patinoire avec arbitre et sifflet. Au Zoofest, d’aguerris improvisateurs tentent l’impro thématique dans un spectacle fragmentaire dans la chambre à coucher: Le plus de sketchs possible à faire avec un lit.

La minuscule scène du Théâtre Ste-Catherine ne supporte pas les gros décors. Mais elle est juste assez grande pour y installer un lit et quelques oreillers. C’est dans ce cadre intimiste que s’installent les improvisateurs Fréderic Barbusci, Pier-Luc Funk, Eve Landry, Mathieu LepageNicolas Michon et Florence Longpré pour un concept de spectacle improvisé intitulé prosaïquement Le plus de sketchs possibles à faire avec un lit. C’est simple: il y a un lit bien fourni en couvertures et coussins, et les improvisateurs vont y passer et se métamorphoser tour à tour en amants, membres d’une même famille ou amis d’enfance: le lit se montrant propice à un univers parfois ludique et enfantin, plus souvent sensuel et pour adultes avertis. C’est le lit de la chambre d’enfance ou de la chambre conjugale. C’est parfois celui, anonyme, de l’hôtel où des amoureux s’échouent après l’amour ou les disputes.

Au piano, le musicien maison accompagne les sketchs d’ambiances sonores variées, jouant aussi le rôle de trouble-fête à coups de notes brutales quand les impros s’éternisent. C’est lui qui permet aux sketchs de se succéder naturellement sans l’intervention d’un arbitre – une idée efficace et cinématographique, qui assure au spectacle une belle fluidité.

On n’échappe pas aux conflits parfois artificiels entre personnages dessinés à gros traits : l’impro puise naturellement et inévitablement dans ces mécanismes un peu grossiers. Parfois, la confusion narrative règne.

Mais cette bande-là sait aussi improviser en cultivant les décalages et se permet d’aller là où on ne les attendait pas. Ainsi une mère apparemment sévère et rigide révèlera un tempérament festif et débonnaire; un couple en pleine séance de sexe virtuel connaîtra une apogée inattendue; une victime de revenge porn réagira de manière étrangement consentante. Et comme les sketchs changent tous les soirs, on suppose de nombreux autres décalages à venir.

Bref, un concept d’impro sympa et aux possibilités narratives étonnantes.

Le spectacle sera présenté à nouveau ce jeudi, 30 juillet, au Théâtre Ste-Catherine