The dog days are over : Jusqu'à l'achèvement
Scène

The dog days are over : Jusqu’à l’achèvement

Oeuvre de physicalité extrême, The dog days are over, du chorégraphe flamand Jan Martens, épuise ses danseurs dans une danse sautillante qui évoque une humanité qui court à la poursuite d’elle-même. Un must.

«On ne danse jamais ce spectacle plus de trois soirs en ligne», me disait il y a quelques temps le danseur bruxellois Steven Michel, qui brille de tous ses feux dans cette pièce extrêmement bondissante et particulièrement éprouvante pour les interprètes. Ils n’en laissent toutefois rien voir, gardant leurs visages fermes et concentrés pendant les 60 sautillantes minutes que dure ce spectacle qui a des airs de séance d’aérobie extrême ou de lutte interminable pour sa survie sur un champ de mines.

Vêtus de vêtements de sport aux couleurs criardes et brillantes, les 7 danseurs apparaissent sur scène et commencent à sauter doucement, à l’unisson. Avant d’augmenter le rythme, de bifurquer de haut en bas et de gauche à droite, et de varier les types de sauts. Mais jamais ils ne feront autre chose que sauter, jamais ils ne ralentiront vraiment la cadence et jamais ils ne perdront leur unisson. Ils bondissent en solidarité, s’essoufflant à peine mais se couvrant inévitablement de sueur.

Outre l’épuisement physique que devinent les spectateurs et qui est en soi fascinant (une telle endurance suscite l’admiration, même si les danseurs ne laissent rien voir de leur fatigue), la pièce pourra évoquer une humanité essoufflée, qui meuble sa vie sans la savourer, dans une aliénation inconsciente ou insidieuse, qui ne semble pas à-priori douloureuse.

Mais la beauté d’une démarche aussi ouverte et aussi simple que celle-ci, qui repose sur une variation précise et cohérente d’un même geste répété, est qu’elle est porteuses de multiples couches de sens. Ainsi pourra-ton aussi y voir une célébration du corps endurant, un ballet solidaire et citoyen (l’unisson des danseurs est remarquable et nous les montre unis pour tenir tête à une quelconque adversité) ou, pire, un corps contraint au mouvement par une force extérieure puissante et vile.

L’oeil est fasciné, pendant que le corps du spectateur est pris de sensorialité, ressentant l’impact du saut cadencé dans sa chair même.

Une oeuvre passionnante.

À l’Usine C ce soir, samedi 17 octobre, à 20h
Au Centre national des arts d’Ottawa, les 22, 23 et 24 octobre