Myriam Allard / Unplugged : Le flamenco au-delà du sex-appeal et des robes rouge à volants
Myriam Allard de la Otra Orilla renoue avec le flamenco sans fla fla grâce à Unplugged. Un spectacle au « format orthodoxe traditionnel », des mots qu’elle choisit elle-même, qui mise tout sur la relation féconde entre musique et danse.
Exit la scénographie complexe, les jeux de lumière étudiés. Unplugged, c’est un retour à la base, au tablao, à l’essence même du flamenco. « Ça faisait à peu près cinq ans que Hedi [Graja] et moi on faisait des productions plus élaborées. On avait travaillé avec de la vidéo sur les deux derniers spectacles. Il y avait un gros travail d’éclairage, idem pour la conception des costumes. C’est des productions qui nous prennent à peu près deux ans à créer et on avait envie d’un spectacle plus léger, plus dépouillé. »
Formée par des maîtres espagnols à l’aube de la vingtaine, Myriam Allard agit comme un satellite andalou au Québec et dans l’Amérique entière. Elle est, en quelque sorte, une agente de démocratisation du flamenco au pays de Vigneault. Un chapeau de pédagogue qu’elle porte malgré elle. « C’est correct que ce soit comme ça. C’est une forme de danse qui ne vient certainement pas de chez nous, les gens sont curieux, mais ils pensent parfois que c’est quelque chose de folklorique. Y’a quelque chose de muséal dans le folklore alors que le flamenco c’est vraiment un art et c’est toujours en mouvement. »
D’ailleurs, la Otra Orilla (traduction : l’autre rive) est reconnue pour son approche contemporaine et son désir d’actualiser le genre. Arrivez-vous tout de même à apposer votre touche spéciale à Unplugged? « Le format est plus traditionnel, c’est-à-dire que les musiciens sont assis et les danseuses sont debout. […] Là où on garde notre signature de la Otra Orilla c’est notamment dans les costumes. On n’est toujours pas dans les robes à pois et la fleur ou, si on l’est, c’est assumé et exagéré. Sans forcément chercher à bouger d’une autre façon, je pense que mon travail chorégraphique est différent dans les lignes, dans ce à quoi on associe le flamenco. »
S’accrocher à la musique
Sur scène, dans Unplugged, il y a deux danseuses (Myriam et sa collègue Aurélie Brunelle) ainsi que trois musiciens en totale symbiose. Du nombre, son fidèle partenaire Hedi Graja, mais aussi le percussionniste Miguel Medina et la guitariste d’exception Caroline Planté. « Encore une fois, on est dans une structure traditionnelle, mais c’est très personnel et y’a quelque chose qui est différent. La grosse, grosse majorité des guitaristes flamenco déjà, c’est des mecs. Ils sont forts, ils sont carrément gros ou assez musclés en plus d’avoir des mains énormes. Caro, elle, elle est toute petite, elle est menue et c’est une femme. C’est féminin même si elle rocke sa guitare de manière hallucinante. Y’a quelque chose dans son jeu qui est aussi très particulier. »
Avec ce spectacle bidisciplinaire de type cabaret, Myriam Allard laisse une porte ouverte pour l’improvisation. Une occasion pour elle de faire valoir ses talents de virtuose, ses capacités techniques qui font certainement l’envie des interprètes andalous. Mais pour se faire, elle doit s’accorder avec son équipe. Pour capturer le moment présent, ça demande évidemment beaucoup d’écoute. «On se donne une structure, y’a des choses qui sont très placées, mais on peut changer des trucs par un simple regard. »
Jeudi 29 octobre à 20h
Théâtre Petit Champlain (Québec)
Aussi à St-Jean-sur-Richelieu (10 mars 2016) et à Montmagny (12 mars 2016)
Toutes les dates via la otraorilla.net