Untied tales: sublimes corps tremblotants
Scène

Untied tales: sublimes corps tremblotants

Sublime danse de corps tremblotants, la pièce Untied tales de Clara Furey (Montréal) et Peter Jasko (Bruxelles), fait évoluer deux corps vulnérables dans un espace mystérieusement langoureux.

On aurait pu s’attendre à de forts contrastes dans la rencontre entre Clara Furey et Peter Jasko. La performeuse montréalaise est davantage connue pour une danse exacerbée, sinon émotive, alors que le danseur bruxellois d’origine slovaque est un interprète plus technique, dont le mouvement s’appuie souvent sur une relation du corps avec le sol.

On retrouve beaucoup de cette esthétique «terrienne » dans la première partie du spectacle Untied tales: une danse nuancée dans laquelle le corps subit l’attraction du sol et dans laquelle Furey se montre absolument aussi douée que son partenaire.

C’est une pièce qui évolue tout en douceur, les deux interprètes semblant se relever d’un long sommeil pour découvrir un espace vide dans lequel ils vont errer et rencontrer une certaine forme d’adversité, impénétrable et mystérieuse, qui les fera trembler ou se cambrer, puis se lover l’un contre l’autre pour s’apporter le soutien nécessaire.

Il y a autant d’aridité que de sensualité dans cette danse errante et saccadée. Quelque chose de postapocalyptique se dégage aussi de cet univers (accentué par les éclairages clairs-obscurs d’Alexandre Pilon-Guay et la musique polyphonique de Tomas Furey) en même temps qu’un univers d’innocence, dans lequel est transmis le plaisir de la découverte du monde, dans une certaine forme de pureté.

Untied tales / Crédit: Marlène Gélineau Payette
Untied tales / Crédit: Marlène Gélineau Payette

Plus tard le corps sera sautillant, soumis à différentes percutations : ce monde peut être violent et rendre les corps vulnérables, comprend-on.

Ainsi, même si l’espace est dépouillé au maximum, la danse de Jasko et Furey fait apparaître des architectures mouvantes et des reliefs singuliers, donnant l’impression d’un paysage se construisant et se déconstruisant à répétition. Beauté d’un corps générateur d’espaces infinis.

Jusqu’au 31 octobre au Théâtre La Chapelle