Anne-Julie Royer / Sur la montagne, nue : Dentelle et féminisme
Elle est pédagogue, passeuse de lettres, créatrice et issue de l’univers de la poésie. Cet automne, une enseignante du Cégep Limoilou entre à Premier Acte par la grande porte avec une première pièce prometteuse.
Les extraits qu’on a pu lire sont sensuels, doux, fleuris, presque. Sur la montagne, nue c’est six contes qui mettent en scène des femmes de tous les âges qui se révèlent dans l’intime et une prose cousine de celle de Duras. C’est «un show de filles» comme il s’en fait peu à Québec, c’est quatre actrices (dont Laurie-Ève Gagnon et Marianne Marceau) qui défendent des monologues écrits par Anne-Julie Royer. Elles communiquent ensemble indirectement, comme en chassé-croisé. «C’est un spectacle qui se veut très inclusif. On a réfléchi à ça en faisant nos demandes de subventions pour bien se positionner. […] Notre pièce n’est vraiment pas à la mode, elle n’est pas dans l’air du temps parce qu’il y a beaucoup de propositions trash en ce moment au théâtre. C’est comme une réponse à ça, une réponse au cynisme.»
D’ailleurs, la polyvalente Marie-Hélène Gendreau signe la mise en scène et troque, par conséquent, les mâles alpha shootés à l’héroïne pour ces dames porteuses de lumière. «Elle a trippé sur le projet, elle avait le goût de faire quelque chose de plus tendre après Trainspotting. Moi, j’avais confiance en elle parce que j’admire vraiment son travail, parce qu’elle est généreuse et intelligente.» Parmi ses défis? Intégrer le pianiste Marc Roussel et mettre en valeur le répertoire néo-classique qui rythme la succession de répliques. «Il représente le masculin qui est tout évoqué sans vraiment être là. C’est pas un spectacle féministe dans le sens où on rejette les hommes. Au contraire, les hommes ne sont pas jugés ni dénigrés.» Justement, l’amoureux et complice de l’auteure (Nicola-Frank Vachon) signe des vidéos impressionnistes qui seront projetées sur un écran fait de chemises blanches de messieurs.
Effeuillage de l’âme
L’enfant, la mourante, la retraitée, la mère, la jeune adulte se livrent sans pudeur dans Moi sur la montagne, nue. Une pièce «sexuelle mais pas pornographique» qui offre une incursion dans la tête des porteuses du chromosome XX. C’est du moins ce qu’Anne-Julie a constaté en présentant son texte à la plus récente édition du Jamais Lu de Québec. «Moi, j’ai eu beaucoup de commentaires positifs de gars qui étaient vraiment intéressés et bouleversés. C’est comme s’ils avaient accès à une espèce de monde secret féminin auquel ils n’ont pas accès d’habitude. Aux inquiétudes de leurs blondes qu’ils ne comprennent pas trop, par exemple.»
Du 17 novembre au 5 décembre à Premier Acte
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