Décès du créateur de costumes François Barbeau
Réputé créateur de costumes pour le théâtre, le cinéma et la télévision, François Barbeau s’est éteint dans son sommeil dans la nuit du 27 au 28 janvier, à l’âge de 80 ans.
Grand artiste du costume, François Barbeau a été l’un des artistes les plus influents en cette matière au Québec. Et pour cause: à une époque où cette fonction n’existait pas vraiment, il a tout inventé. Collaborateur de Paul Buissonneau dès ses débuts montréalais, le travail de Barbeau a aussi été apprécié en Europe, notamment lors de collaborations avec le prestigieux metteur en scène français Jacques Lasalle dans les années 80 à la Comédie Française. Il a aussi oeuvré en Israël avec la Batsheva Dance Company. Au cinéma, il est notamment l’auteur des costumes de Kamouraska, de Claude Jutra.
Reconnu pour sa grande culture, son sens infini du détail et sa polyvalence, François Barbeau connaissait l’art du costume de théâtre mais avait aussi étudié la mode. Surtout, on le décrivait comme un concepteur particulièrement sensible à la dramaturgie et aux personnages, mettant son travail au service de la fiction grâce à son intelligence du texte et sa manière particulièrement pointue de comprendre les parcours des personnages.
Concepteur de costumes attitré du Théâtre du Rideau Vert dans les années 60, puis dirigeant le programme de scénographie de l’École nationale de théâtre, Barbeau fut de toutes les scènes (jusqu’au Cirque du Soleil) et a travaillé avec des artistes de toutes les générations. Il a influencé plusieurs artistes québécois à qui il n’a pas hésité à transmettre son savoir.
Il a presque travaillé jusqu’à son dernier souffle. Les costumes de Cyrano de Bergerac (notre photo principale), il y a deux ans sur la scène du TNM, c’était lui. Dans nos mémoires récentes de spectateur, son travail sur Les liaisons dangereuses, dans une mise en scène de Serge Denoncourt chez Duceppe en mai 2015, fut marquant. S’inspirant de Dior, il a imaginé pour ce spectacle des costumes magnifiques, faisant dialoguer la mode des années 50 avec l’ici-maintenant.