Gloria : Polyphoniquement vôtre
Un temps d’arrêt dans nos vies folles. En cette 17e édition du Mois Multi, Mykalle Bielinski nous tend la main, nous tire vers un monde onirique dont elle seule est la chef d’orchestre.
D’emblée, c’est la scénographie d’Odile Gamache qui charme. Trois panneaux blancs disposés les uns à côté des autres pour former un cercle, puis ces petits oreillers genre Ikea pour asseoir le fessier des spectateurs invités à laisser leurs bottes sales à l’entrée. La table est mise pour la messe qui suit, une célébration franchement près du rituel religieux.
Elle nous fera languir un peu, la charismatique Mykalle, avant de prendre le micro au centre de cette scène inconventionnelle. Une façon de faire monter la tension? Assurément et ça marche même l’intro gagnerait à être resserrée. Puis, on découvre cette voix réellement divine mise au service de la poésie et d’un sens esthétique aiguisé – les projections texturées de Keven Dubois sont ridiculement photogéniques. Même quand ont utilise un iPhone périmé…
Musicalement, c’est forcément ingénieux puisque la chanteuse utilise un échantillonneur pour multiplier sa voix. La nature des arrangements (électro) est dans l’air du temps et cette idée, notamment, de réarranger PJ Harvey en conférant une facture presque trap à In the Dark Places dénote d’une grande audace. On sent aussi, et surtout, que l’artiste est en osmose avec son époque, peut-être un peu à l’avant-garde.
Mais ce qui marque vraiment l’imaginaire, c’est le chant traditionnel Prïtourïtze planinata qu’elle interprète avec un swag contemporain avant de le saboter par des cris suraiguës. Une interprétation psychédélique et presque hardcore.
Jeudi le 4 février
À 19h30 et 21h (deux représentations)
Salle Multi de Méduse