Louis Riel revit en 2D grâce au marionnettiste Zach Fraser
Scène

Louis Riel revit en 2D grâce au marionnettiste Zach Fraser

Zach Fraser, un marionnettiste montréalais d’origine néo-écossaise, invente un langage particulier sur la scène du Théâtre La Chapelle ces jours-ci, dans une pièce de théâtre en forme de bande-dessinée qui raconte la vie de Louis Riel. Clarifications.

Il est anglophone, mais il parle un français irréprochable et s’intéresse dans Louis Riel: a comic strip stage play à l’histoire du héros francophone métis Louis Riel, accusé de trahison et dont l’apport à la Confédération n’a pas toujours été reconnu. C’est en partie parce que, dit Zach Fraser, cette histoire lui a été « mal racontée » dans ses cours d’histoire.

« Je pense que, de manière générale, dans le reste du Canada comme au Québec, on n’accorde pas assez de temps à l’enseignement de ces grands épisodes historiques. Notre rapport à l’histoire est ainsi superficiel. Je me souviens d’avoir entendu parler de Louis Riel à l’école très tôt dans mon parcours scolaire, de manière simple et même un peu naïve, puis ensuite plus jamais. Ce qui aurait dû être approfondi par mes professeurs au sujet de cet épisode de notre histoire ne l’a jamais été. »

Crédit: Sabrina Reeves
Crédit: Sabrina Reeves

Or, Zach Fraser n’est pas un historien, et loin de lui l’idée de s’improviser académicien. Sa porte d’entrée dans l’univers de Louis Riel est la bande dessinée Louis Riel, a comic-strip biography de Chester Brown. L’oeuvre du bédéiste montréalais installé à Toronto fait le pari d’un certain ludisme dans la représentation du personnage historique, comme elle s’attarde au thème de l’instabilité mentale qui avait été plaidée en cour lors de son procès pour trahison. Comme toujours chez Brown, le sujet est abordé de front mais non sans une certaine candeur.

« Il fait de ces personnages des grands naïfs, précise Zach Fraser. Je pense que ça nous rend plus ouverts à entendre cette histoire. Un peu comme dans La vie est belle, de Roberto Benigni, le ton est d’abord très fantaisiste puis il évolue peu à peu vers quelque chose de plus profond, de plus pointu, tout en restant accessible, simple, et souvent rigolo. J’adore ce ton. »

Crédit: Sabrina Reeves
Crédit: Sabrina Reeves

Reste que l’art, selon Fraser, « a le devoir de raconter notre histoire ». « J’aime le fait de créer quelque chose d’hyper accessible et sympathique à partir de nos grands récits historiques mais aussi de cultiver les nuances sans s’empêtrer dans un discours savant . On n’essaie pas de tenir une position éditoriale; on veut montrer les faits. Néanmoins, dans ce cas ci, c’est clair qu’il y a eu des injustices dans cette histoire, que Louis Riel a été oppressé d’une certaine manière. Et Chester Brown, avec son ton comique, nous aide à le mettre en relief. »

De la célèbre BD, le metteur en scène conserve aussi la bidimensionnalité, inventant pour la scène un jeu marionnettique à partir de découpages et d’illustrations s’animant directement à partir du carton. « Je trouve que le langage de la marionnette et de la BD se ressemblent, dit-il. Pour moi, ce sont des arts cousins. J’aime raconter avec des images, avec la matérialité du carton et sa surface plate. »

Un langage plastique rarement vu sur nos scènes. Dans un spectacle bilingue, en plus.

Crédit: Sabrina Reeves
Crédit: Sabrina Reeves

Au Théâtre La Chapelle jusqu’au 5 mars