Mois de la Poésie / Unheimlich : Chair de poule
Scène

Mois de la Poésie / Unheimlich : Chair de poule

Le Collectif Exond& déride la scène poétique locale avec un récital effrayant et charnel enveloppé de stroboscopes. 

Unheimlich (prononcez : « oune-hame-liche ») c’est le titre du spectacle mais aussi un terme qui ramène à Freud et surtout aux auteurs romantiques allemands. L’inquiétante étrangeté, qu’ils disent. Un concept difficile à traduire selon l’auteur et chef de bande Éric Leblanc. « La façon avec laquelle on a exploré [le mot], c’est comment l’inquiétant peut des fois s’inscrire dans l’ordinaire. Tu vis ta vie de tous les jours et, tout à coup, tu te butes à quelque chose de nouveau et ça réveille des angoisses en toi, tu découvres que tout est décalé. »

Mis en lecture par Guillaume Pépin, le type qui nous avait offert une version vraiment audacieuse de Trois nuits avec Madox au Pub L’Autre Zone cet automne, ce troisième opus du Collectif Exond& explore donc le vaste thème de la peur. « Le show est un peu en montagnes russes. Il y a des moments où on se permet d’aller dans le plus léger, je pense notamment au tout début où est-ce qu’on explore les peurs d’enfants. Forcément, c’est un peu cocasse, versus quand on va plus loin et qu’on explore des peurs d’adultes. Il y a un tableau sur le stress, par exemple, qui rentre plus dedans. »

Émilie St-Pierre, Éric Leblanc, Ariane Lessard, Émilie Turmel Véronique Langlais, et Anaël Turcotte du Collectif Exond& (Crédit: Pascal Audet)
Émilie St-Pierre, Éric Leblanc, Ariane Lessard, Émilie Turmel Véronique Langlais, et Anaël Turcotte du Collectif Exond& (Crédit: Pascal Audet)

L’équipe d’écrivains se penche également sur les psychoses collectives, celles qui contaminent notre fil Facebook et font les manchettes. « On va explorer les peurs sociales et très actuelles aussi, je pense à la peur du terrorisme, à la peur de la guerre qui se fait sentir un peu [en ce moment]. Il y a des éléments de mise en scène qui ramènent ça et qui pourraient peut-être le faire ressentir aux spectateurs. » Un état anxieux contagieux qui risque d’être amplifié par l’apport sonore de Frédéric Dufour. Sa commande était claire : composer quelque chose de pesant et inspiré par 2001, l’Odyssée de l’espace. Pour se faire, il aurait travaillé à partir d’échantillonnage de voix humaines, celles des poètes eux-mêmes.

Se mettre à nu

Si le Collectif Exond& nous a habitués à des textes avec une généreuse charge érotique, notamment avec Normporn, la formation à géométrie variable mise cette fois-ci sur un effeuillage de l’âme dans tout ce que le geste peut avoir de plus intime. Fouiller dans la psyché humaine, est-ce que ça demande moins de pudeur comme créateur? Anaël Turcotte pense que oui. « Le sexe peut facilement devenir trash et drôle, tandis que les peurs sont nécessaires, universelles et dérangeantes. Ça rejoint tout le monde. »

 

Jeudi 10 mars

Studio P