Décès de Marcel Dubé, légende du théâtre québécois
Scène

Décès de Marcel Dubé, légende du théâtre québécois

L’auteur de Zone et Un simple soldat , considéré dans l’histoire théâtrale québécoise, à côté de Gratien Gélinas, comme le fondateur de la dramaturgie québécoise contemporaine, s’est éteint des suites d’une longue maladie, à l’âge de 86 ans. 

Il cherchait le tragique en dépeignant des personnages populaires : héros du monde ouvrier, souvent victime d’injustices ou d’oppression, qui cherchent à exprimer leurs voix, à faire entendre leur colère. Découvert autour de 1953, tout juste après Gratien Gélinas, il reste l’un des premiers à avoir inventé pour le théâtre ces personnages québécois francophones, antihéros sympathiques, en quête de lumière et d’affirmation, aux personnalités écorchées et fracturées, sinon déchirées : des personnages modernes qui ont jalonné ensuite des décennies de dramaturgie québécoise identitaire. Avant Dubé et Gélinas, sur nos scènes régnaient les textes français et les auteurs classiques. Leurs oeuvres ont aussi marqué les débuts de la professionnalisation des pratiques théâtrales chez nous, alors que naissaient les institutions que nous connaissons aujourd’hui, comme le Théâtre du Rideau Vert.

La plus récente production de Zone sur une scène professionnelle montréalaise, en 2013 au Théâtre Denise-Pelletier / Crédit: Sylvain Sabatié
La plus récente production de Zone sur une scène professionnelle montréalaise, en 2013 au Théâtre Denise-Pelletier / Crédit: Sylvain Sabatié

Inspiré par Camus et Genet, il écrivait un théâtre de révolte. Inspiré par les auteurs américains tels que Tennesse Williams et Arthur Miller, il inventait une langue réaliste et frontale, parfois farcie d’anglicismes. Dans Zone, qu’il a écrite en trois jours à 22 ans, il imagine un groupe de jeunes qui fait du trafic de cigarettes pour sortir de la misère. Ses héros sont toujours en quête d’émancipation. C’est le cas de Joseph, dans Un simple soldat, qui pense devenir quelqu’un et améliorer sa condition en allant à la guerre. C’est le cas de Florence, qui quitte son mari en quête d’un avenir meilleur.

Gilles Pelletier et Elisabeth Le Sieur dans le téléthéâtre Un simple soldat / Archives BANQ
Gilles Pelletier et Elisabeth Le Sieur dans le téléthéâtre Un simple soldat / Archives BANQ

Il a cessé d’écrire pour le théâtre en 1986, se consacrant à quelques romans mais aussi à des oeuvres pour la télé et la radio – ces deux médiums ont été fondamentaux pour lui depuis ses débuts, ses premières pièces ayant été créées pour la télévision avant d’être adaptées au théâtre. Plusieurs se souviennent aussi de la série télé Le monde de Marcel Dubé, en ondes à la fin des années 1960.