Vital Few : Prodigieux moutons noirs
Un vent de l’Ouest continue de souffler sur Québec. Deux semaines après le Monumental spectacle de Dana Gingras, les Vancouvérois de Company 605 investissent le complexe de la Coop Méduse pour présenter Vital Few.
Il s’agit d’un second passage en ville pour cette compagnie autrefois connue sous le nom de 605 Collective, troupe qui nous avait offert le dynamisant Audible en ces mêmes lieux cinq ans plus tôt, presque jour pour jour. Selon le codirecteur artistique et interprète Josh Martin, le langage chorégraphique du groupe n’a pas subi de changement drastique depuis la dernière demi-décennie. « Les mouvements très physiques sont encore une priorité pour nous, c’est sûr. Ça se déploie juste d’une manière très différente. Dans Audible, on dansait en unisson et avec cette production-ci, on essaie de garder la même intensité, mais en laissant chaque danseur choisir ses propres mouvements. »
Avec cette nouvelle pièce, Martin et sa collègue Lisa Gelley approchent le synchronisme d’une autre façon : tous les gestes des interprètes sont interreliés, interdépendants. L’idée? Former un tout aussi cohérent que possible. « Lors du processus de création, nous avons donné des tâches très spécifiques aux danseurs et leur avons accordé le droit de développer leur propre vocabulaire chorégraphique à travers cette structure. »
Sans balise
S’ils pigent dans tous les styles pour la trame sonore, de l’opéra aux paysages sonore atmosphérique en passant par le free jazz, les membres de Company 605 sont aussi ouverts à des types de danse souvent diamétralement opposés. La plupart d’entre eux ont reçu une formation en… tap dance!
« L’opéra, c’est une manière d’apporter une touche d’humanité à la pièce. Les voix humaines nous rappellent que nous sommes encore dans un lieu naturel, pas seulement un lieu mécanique. »
Josh Martin remonte à 2006 pour nous raconter la genèse du projet, la raison même de la naissance du collectif. « Quand on a commencé, Lisa et moi arrivions à la fin à la fin de notre formation en studio dance [NDLR : mot valise pour ballet jazz, tap dance, hip hop] et on s’est frotté à la danse commerciale. Très vite, on a compris que ce n’était pas notre place, mais on ne savait pas où mettre nos efforts. C’est là qu’on a pensé à former un groupe avec des gens qui ne savaient pas où danser, eux non plus, qui ne savaient pas où mettre leurs efforts créatifs. Ce manque d’option nous a forcés à faire des trucs ensemble pour voir où ça nous mènerait. […] On a, grosso modo, créé nos propres jobs! »
Mélangeant danses urbaines et contemporaines, c’est les mots utilisés dans les descriptions officielles, Company 605 a défini sa gestuelle de manière très naturelle, sans forcer les choses. « Lorsqu’on a formé le groupe, aucun d’entre nous n’avait encore fait de danse contemporaine à proprement dit et on ne connaissait pas ce milieu-là. On est tombés là-dedans en essayant de mélanger ensemble nos manières de danser. Ce qu’on a obtenu, au final, c’est des mouvements hybrides. »
Du 28 au 30 avril à 20h
Salle Multi de Méduse
(Une présentation de La Rotonde)