Des fraises en janvier : Du folk et des fraises à Joliette
Scène

Des fraises en janvier : Du folk et des fraises à Joliette

En 1999, une jeune Evelyne de la Chenelière écrivait Des fraises en janvier, comédie d’amour et de jeunesse qui a été presque incessamment jouée depuis, ici comme ailleurs. Les chassés-croisés amoureux de François, Robert, Léa et Sophie reprennent vie en version comédie musicale folk-americana cet été à Joliette!

«Je connais ton cycle menstruel et les humeurs qui vont avec pis ça m’a fait tomber en amour avec toi. Je le trouve beau, ton linge sale.»

Voilà les mots qu’utilise François, scénariste en devenir et propriétaire de café, pour séduire la jolie Sophie, une jeune femme terre-à-terre en quête de l’amour parfait. Des fraises en janvier, légère comédie romantique faite de poésie du quotidien et d’une accumulation de faux-semblants, est entièrement tissée de ce genre de répliques un peu naïves, mais tout à fait charmantes. «Je ne vois pas pourquoi, si on aime faire les courses ensemble, faire le ménage ensemble, prendre le petit-déjeuner ensemble, regarder de vieux films ensemble, je ne vois vraiment pas pourquoi on n’aimerait pas faire l’amour ensemble, chose plus excitante, il me semble, que les courses, le ménage et les vieux films, alors je te propose qu’on se marie au printemps.» Aussi simple et aussi beau que ça! Les personnages qu’inventait Evelyne de la Chenelière du haut de ses 24 ans avaient soif d’amour et s’émouvaient quand «le gazon sent bon le gazon mouillé».

«C’est vraiment sentimental», dit la comédienne Laurence Dauphinais, qui incarnera Sophie sur la scène du Centre culturel de Joliette. «C’est une comédie romantique très pure, avec une naïveté assumée. C’est tout à fait charmant et drôle, avec une folie et une belle frénésie. Mais ce que j’aime plus que tout, c’est que ça n’a rien de ringard. Ce sont des personnages qui choisissent la beauté délibérément. Qui font le choix du beau.»

En faisant de ses personnages des idéalistes qui se projettent dans une vie meilleure, qui mentent et qui s’inventent des existences fantasmatiques, de la Chenelière créait aussi une intelligente structure dramatique croisant les mensonges et les vérités. «J’aime beaucoup, dit le comédien Jean-Philippe Perras, le fait que ce soit deux gars qui se parlent et qui commencent à raconter les autres personnages, à se laisser bouleverser par une fiction qui leur arrive de l’extérieur, et comment à travers ça, il est aussi question d’écriture. C’est très bien construit. L’obsession de l’écriture, l’écriture comme sujet même de l’écriture, c’était déjà présent chez cette jeune Evelyne-là. Elle a raffiné ça par la suite.»

«C’est une pièce sur la vie du jeune adulte et les désillusions qui viennent avec, poursuit Dauphinais, mais dans une tonalité douce, sans pessimisme. Les personnages y sont confrontés à leurs illusions, à leurs tromperies, aux histoires qu’ils se sont racontées sur eux-mêmes, aux mensonges qu’ils se sont enfoncés loin dans la gorge, à leurs multiples dénis. Mais ils ne sombrent jamais dans le cynisme.»

Et comme l’amour, c’est toujours mieux en chantant, cette production dans laquelle jouent aussi Stéphane Archambault et Isabelle Blais sera en partie une pièce musicale, dans laquelle on se chante la pomme en mode folk et americana. Oui, oui! Un registre musical intimiste et aux textures un peu rurales, parce que Des fraises en janvier est aussi par moments un ballet entre la ville et la campagne. Une musique signée Ludovic Bonnier et Audrey Thériault.

Du 5 août au 3 septembre au Centre culturel de Joliette.