Les chiens de Navarre : L'amour au temps des Chiens
Scène

Les chiens de Navarre : L’amour au temps des Chiens

Pour une troisième année consécutive, Les Chiens de Navarre prendront d’assaut les planches de l’Usine C à l’automne. Forte du succès des spectacles Quand je pense qu’on va vieillir ensemble et Raclette, présentés en 2014 et en 2015, la troupe s’amène avec son nouveau spectacle, Les armoires normandes, présenté du 21 au 23 septembre.

Passée maître dans l’art du spectacle vivant, la troupe du metteur en scène Jean-Christophe Meurisse a maintenant huit spectacles à son actif. Raclette, premier spectacle créé en 2009, ne cesse de tourner et fut son ticket d’entrée un peu partout dans la francophonie. La pièce est simple: un groupe de voisins – tantôt ils seront des amis, tantôt des intellectuels désirant refaire le monde – s’attablent pour manger une raclette. Le repas chaud est servi à même la scène et la discussion part dans tous les sens. Voilà l’une des forces de ces Chiens de Navarre. C’est que la plupart du temps, le quotidien peut partir en couille. L’irrévérence est toujours au rendez-vous, ils n’hésitent jamais à pousser la blague ou le constat un peu plus loin que tout le monde. Avec eux, aucun texte n’est nécessaire. Les acteurs sont tous les auteurs des pièces qu’ils ont créées, alors que pendant le processus de création, une réelle écriture de plateau s’installe. Sans texte, l’improvisation est donc souvent de mise, les canevas pour les différents sketchs sont bien placés, mais après, qui sait où cela nous mènera?

Fondé un peu à la manière d’un groupe rock, Les Chiens de Navarre sont d’abord l’idée de Jean-Christophe Meurisse qui, à sa sortie de l’École régionale d’acteurs de Cannes, ne trouvait pas son pied dans le milieu théâtral qu’il a sillonné quelque temps avant de créer sa compagnie. Au fil du temps, huit mauvais compagnons l’ont accompagné dans l’aventure. Leur plus récent succès fut la pièce Quand je pense qu’on va vieillir ensemble, inspirée d’abord du livre Notre besoin de consolation est impossible à rassasier de l’auteur suédois Stig Dagerman. Il s’agit là du premier spectacle présenté par la troupe en sol québécois en 2014. Dans cette pièce par sketchs, l’Homme est décliné dans ses habits les plus grotesques: tantôt en entretien d’embauche, tantôt dans une séance de croissance personnelle; on désire toujours montrer le mariage entre l’instinct animal et les bassesses humaines.

Avec leur huitième production, Les armoires normandes, Les Chiens de Navarre quittent les grandes tablées et les dynamiques de groupe pour sonder le plus intime: l’amour. Ce spectacle qui tourne depuis 2015 en France est un franc succès; leur analyse grotesque de la filiation amoureuse dans tous ses états n’est rien d’autre qu’un miroir de notre propre relation aux autres. Avec eux, le rire n’est jamais anodin. Bien qu’il puisse sembler trashjaune, forcé ou un peu facile, force est de constater qu’on est tous un peu dans le coup, qu’aussi ridicule que puisse être la représentation, il y a un peu de nous là-dedans. Elle est justement là, la force de ces Chiens: ramener à la comédie et au théâtre le scalpel social.

Courues à Montréal depuis deux ans et vues comme un secret bien gardé, les représentations des Chiens de Navarre ne s’éternisent jamais sur les planches de l’Usine C. Il y a là quelque chose comme un rendez-vous, presque un incontournable de la rentrée théâtrale. Ces Armoires normandes en première nord-américaine devraient nous faire pleurer de rire, ou rire à en pleurer. Chose certaine, les Chiens déboulonneront rapidement et avec humour le peu de candeur et d’innocence que l’amour abritait encore.

Les armoires normandes
À l’Usine C du 21 au 23 septembre