Patric Saucier: Au-dessus de la fosse commune
Les archéologues pensent que 6 000 à 10 000 personnes ont été enterrées au cimetière Saint Matthew, entassées les unes sur les autres dans l’anonymat le plus complet. Un jardin funèbre qui sert de décor pour la nouvelle mise en scène de Patric Saucier.
C’est une belle prémisse pour l’Halloween avant que le mercure et les feuilles ne chutent.
Inscrit à la programmation de Québec en toutes lettres, le festival littéraire, le spectacle déambulatoire Nuit au cimetière est en fait une idée originale de la Coopérative des librairies indépendantes du Québec (LIQ). « Eux autres, ils fournissent les textes, surtout des nouvelles ou des extraits de romans de tout acabit, pas seulement des auteurs contemporains québécois. […] L’idée, c’est davantage de faire vivre une expérience aux spectateurs que de rendre hommage aux écrivains. » Patric Saucier, alias Pat Sauce ([youtube href= »https://www.youtube.com/watch?v=Q0Xg-qHzAnw »]surnom inoubliable[/youtube]) pour ceux qui l’ont vu dans Le Gros Show à Ratio, s’est donc octroyé quelques libertés. Il a adapté la matière première, forcément un peu verbeuse, pour la langue orale en chassant par exemple le passé simple.
Des auteurs ciblés par la LIQ pour apeurer l’assemblée, on note Larry Tremblay (Le Christ obèse), Howard Phillips Lovecraft, le « king pin de l’horreur » pour reprendre les mots de Saucier, mais aussi Samuel Archibald (St-André-de-l’Épouvante) et, étonnamment, Michel Tremblay. Les escaliers d’Érika, une histoire issue du recueil Contes pour buveurs attardés. « C’est une œuvre de jeunesse, il a écrit ça en 66, deux ans avant Les Belles-sœurs. […] C’est deux amis de gars, dont un qui a perdu sa sœur de façon étrange il y a longtemps… Ils se sont perdus de vue puis ils se recroisent 25 ou 30 ans plus tard et ils sentent la présence de la morte… »
Entrer dans la danse (macabre)
La Nuit au cimetière sera, à condition de jouer le jeu, de s’abandonner au fun, effrayante à souhait. N’empêche : les enfants sont quand même les bienvenus. « Les histoires sont souvent très étranges, parfois plus épeurantes les unes que les autres, mais ça n’accotera jamais le cinéma gore. Il faut se laisser embarquer par le conteur qui t’amène dans son univers. »
Saucier mise donc sur le partage, la proximité générée, notamment pas un faux feu de camp (pour respecter le règlement municipal) dans l’un des tableaux. Comme dans un camp scout ou au chalet entre amis. Une idée scénographique qui abat forcément le 4e mur et même si les protagonistes sont tous des comédiens professionnels, des habitués, pour la plupart, des salles officielles. Lucien Ratio, Paul Fruteau de Laclos et Marc Auger-Gosselin sont de la distribution et ils se font porte-étendards de récits racontés à la première personne du singulier. Comme si ça leur était réellement arrivé, dans la vraie vie, comme un secret qu’on partage en mangeant des guimauves grillées.
Nuit au cimetière
Vendredi 30 septembre au Cimetière Saint Matthew
20h et 21h30
Réservation en ligne au coût de 15$ par personne