Giacomo Puccini : La sœur et le voleur
En présentant le duo Suor Angelica et Gianni Schicchi de Giacomo Puccini avec une distribution à 90% québécoise, l’Opéra de Québec prouve que l’art lyrique local a une solide relève.
Même en ignorant tout de l’art lyrique, on reconnaît aisément O mio babbino caro tiré de Gianni Schicchi, l’air le plus connu pour soprano et pièce préférée de Maria Callas. Pour la production d’octobre de l’Opéra de Québec, c’est à la jeune Lévisienne Audrey Larose-Zicat que reviennent le plaisir et le défi de le chanter. «C’est pour moi une chance de jouer Lauretta, c’est mon premier opéra professionnel en sol nord-américain. Faut pas se planter avec Mio babbino!» explique la soprano en riant. «Schicchi, c’est une belle introduction pour ma carrière à Québec: c’est connu, c’est comique, c’est fun! C’est un super opéra pour ceux qui connaissent un peu moins ça. Avec Suor Angelica, ça donne deux opéras d’une heure chacun, c’est facile de suivre l’histoire. Parfait pour ceux qui ont tendance à suivre plus les sous-titres que ce qui se passe sur scène!»
Née à Lévis dans une famille de musiciens, Audrey a grandi entourée de musique et, à 10 ans, se mettait déjà à l’opéra. «Ce n’était pas de gros airs, sauf que ce n’était pas ça que je voulais faire! On me répétait tout le temps “voix de tête, voix classique”, mais ça ne m’intéressait pas. En fait, je ne connaissais même pas ça!» À 16 ans, elle découvre Norma de Bellini, monté à l’Opéra de Québec. Révélation. «C’était comme du théâtre et Broadway mis ensemble, mais classique!» Audrey se lance alors dans des études de chant, à Québec puis à Montréal. Elle part ensuite pour l’Allemagne, où elle travaillera pendant six ans. En 2015, elle décide finalement de revenir dans la Vieille Capitale. «Je suis partie en Allemagne parce que je n’avais pas nécessairement de carrière ici. Je revenais chaque été, et je voyais le Festival d’opéra grandir chaque année. C’est en pleine effervescence!» Il n’aura fallu qu’un an pour que la chanteuse réalise son rêve de chanter en soliste avec l’Opéra de Québec, avec d’anciens collègues d’études ou de chœur. «C’est comme retrouver la famille!»
La relève lyrique se porte bien à Québec, autant de l’avis d’Audrey que du directeur général et artistique de l’Opéra de Québec, Grégoire Legendre. «C’est fort au Québec, l’art lyrique. Plusieurs carrières internationales ont commencé ici! Avec ces deux grosses distributions, probablement les plus grosses que l’Opéra a eues, ça nous permet d’engager des chanteurs d’ici.» L’intérêt de présenter Suor Angelica et Gianni Schicchi, tirés d’Il Trittico (Le Tryptique) réside aussi dans le génie de leur créateur. «C’est Puccini, c’est du grand répertoire!» s’exclame Grégoire Legendre. «Suor Angelica n’a que des airs magnifiques. Et Schicchi, c’est burlesque. On commence dans le drame et on finit dans la comédie. Puccini sait comment allier musicalité et dramaturgie. C’est comme la vraie vie.» On pleure, on rit, on chante, quoi.
Les 22, 25, 27 et 29 octobre 2016
au Grand Théâtre de Québec