Beu-Bye 16: Une année juteuse
Scène

Beu-Bye 16: Une année juteuse

2016 aura été théâtrale, caricaturale même, tristement marquée par le deuil et les controverses à deux cennes écorchant les chanteuses québécoises. 

Lucien Ratio est solide, confiant, il montera même sur les planches (une première!) en plus de ses tâches comme auteur, metteur en scène et « boss ultime ». Les dernières années ont été formatrices et le Beu-Bye a pris du galon dans le cœur du proverbial grand public à Québec. Même le maire, « notre petit pitbull de Grande-Allée » comme le surnomme affectueusement Philippe Durocher, a été séduit par les comédiens aux ambitions festives. Si bien que ce 23 novembre, Régis Labeaume est apparu dans une capsule publicitaire pour mousser la vente de billets du spectacle rétrospectif. Une série de dialogues qui n’ont pas été scriptés au préalable, un caméo à la bonne franquette pour le politicien municipal à la popularité inébranlable.  « Généralement, j’ai l’air bête », « j’apprécierais vraiment que vous ne parliez pas du hockey à Las Vegas ni du coffre-fort virtuel ». Conscient de sa silhouette napoléonesque, Labeaume ira même jusqu’à recommander une prise de poids au (trop) grand Nicolas Létourneau, nouvelle recrue de la troupe qui l’interprète cette fois-ci. « On lui a envoyé un canevas, détaille le coauteur Jean-Philippe Côté, en lui demandant de dire ce qu’il voulait. Il a fait preuve de beaucoup d’autodérision et ça venait de lui, donc c’était encore plus l’fun. »

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L’équipe a un faible pour les politiciens, surtout lorsque placés hors de leur contexte naturel pour maximiser la rigolade. C’est précisément ce qu’ils ont fait avec le déjà très flamboyant Donald Trump, « un des premiers numéros qu’on a écrit », un segment partiellement musical rythmé par une composition originale de Ratio. « L’idée, c’est de trouver un autre angle », explique Philippe.

Règle générale, leurs moqueries sont douces, sans malice, mais inspirées. Le Premier ministre Justin Trudeau, malgré son image proprette et savamment étudiée, n’y échappe pas. « À chaque foutu Halloween, lui, il sort une photo et il nous donne du jus, confie Ratio dans un éclat de rire. Il est inspirant à cette date-là. L’année passée, la référence à Star Wars venait de là. […] Son fils était déguisé en Petit Prince et lui, il était l’aviateur, mais ce n’était pas clair parce qu’il pouvait avoir l’air musulman. C’était super intelligent. »

Le groupe d’auteurs a empoigné les crayons en septembre. Un noyau dur, formé de Lucien, Philou, J-P, mais aussi de Jean-Michel Déry et Nicola-Frank Vachon, auxquels se sont greffés quelques invités. « On voulait toucher à trois univers différents, s’amuser à prendre des dramaturges et leur demander de partager leur vision de l’actualité, pour voir ce qui en ressort. On est allés chercher Frédéric Blanchette, Pascale Renaud-Hébert et Claude Montminy qui est très prolifique dans le théâtre d’été, qui est propriétaire du Théâtre de l’Île d’Orléans. […] Tu le ressens dans son sketch que c’est lui, dans le ton… »

J’aurais voulu être un artiste

L’industrie musicale a, pour ainsi dire, mangé une moyenne claque cette année avec les décès de Leonard Cohen, Bob Walsh, Prince, David Bowie… Rien que des légendes et on en passe. Si dieu existe, ça doit groover solide au paradis par les temps qui courent. Le Beu-Bye rendra forcément hommage aux disparus, à l’instar de ce qu’ils ont fait avec brio pour Gilles Latulippe et Hugo St-Cyr par le passé, nous arrachant une larme furtive rapidement masquée par un éclat de rire.

Safia Nolin et Béatrice Martin, au cœur de la tourmente pour de parfaites niaiseries, trouveront aussi leur place dans cette revue de l’année. Des clins d’œil que Durocher (aucun lien de parenté avec Sophie) annonce déjà comme savoureux. «Joëlle Bourdon en Cœur de Pirate, c’est le personnage qui me fait le plus rire. Elle l’a super bien dans l’esprit, dans tout en fait! »

Monika Pilon, clown implacable et imitatrice hors pair, reprendra aussi le rôle de Céline Dion comme nous le révèle Lucien Ratio. « Ça fait deux ans qu’elle la joue, mais qu’il ne se passe pas grand-chose avec elle dans l’actualité. Cette année, on a un gros number. Elle a la place qu’elle mérite, la place qui lui revient. C’est un beau délire. » Et, accessoirement, on sait déjà que ce sera l’un des moments forts du spectacle.

Du 8 au 17 décembre à La Bordée