Maxime Beauregard-Martin : Meilleur espoir masculin
Il a rendu hommage à la Thérèse de l’after-hour homonyme avec Mme G. et montée sur les planches de La Bordée en éblouissant Beau Willimon au passage. En décembre, il ajoutera son grain de sel aux Contes à passer le temps.
2016 nous aura révélé Maxime Beauregard-Martin, nouvelle coqueluche du théâtre local qui se refuse au titre. Superstition ou modestie? Malgré ses succès récents, le dramaturge et comédien décolle l’étiquette qu’on voudrait apposer à son blouson. Il porte en fait un regard lucide sur le milieu précaire dans lequel il évolue et, plus récemment, brille aussi. «Le concept d’étoile montante me met mal à l’aise. Je le sais que j’ai eu une belle année, c’est le fun, mais je sais que ça pourrait s’arrêter n’importe quand. […] Il y a plein de gens de talent qu’on n’a pas encore découverts et d’autres qu’on a connus, mais pour qui c’est plus tranquille [en ce moment]. J’accueille les bonnes nouvelles avec beaucoup de joie, j’en profite, mais je ne tiens rien pour acquis.»
Il y a, force est de l’admettre, une espèce de conjoncture étrange entre les projets de Maxime et l’actualité. Le momentum lui est tristement favorable. Quelques jours avant Les marches du pouvoir, des représentations par ailleurs synchronisées avec le sprint final des déprimantes élections présidentielles américaines, le créateur apprenait le décès de sa superhéroïne Thérèse Deslauriers (Drago). Cette dame plus grande que nature, tenancière de La Grande Hermine puis d’un bar clandestin, qui l’a poussé un peu malgré elle vers un succès-surprise en avril à Premier Acte. Une ex-New-Yorkaise qui tranchait par ses couleurs vives dans une ville de fonctionnaires grise, une femme libre, une marginale devant l’éternel qu’il a dépeinte avec une infinie tendresse et l’aide de Marie-Ginette Guay – comédienne immense qui la personnifiait dans Mme G. «Ce qui est beau, c’est qu’elle s’est construit un espace de rêve, un espace à son image. Elle racontait sa vie d’une façon à cheval entre la réalité et la fiction. Est-ce qu’elle a amélioré ses souvenirs? Est-ce qu’elle les a embellis? Même si elle l’a fait, pourquoi pas! C’est une façon de poétiser son quotidien.» Le diplômé du Conservatoire de Québec et bachelier en journalisme – ça n’a rien d’anecdotique – privilégie une approche documentaire dans son écriture. Humour et élans sentimentaux se côtoient dans cette biopièce qu’il présente toujours lui-même comme un spectacle «feel good». Un bouillon de poulet pour l’âme, la surprise de la saison dernière.
Le concept d’étoile montante me met mal à l’aise. Je le sais que j’ai eu une belle année, c’est le fun, mais je sais que ça pourrait s’arrêter n’importe quand.
Maxime Beauregard-Martin aura également cet automne – et en simultané – incarné un apprenti politicien machiavélique dans l’adaptation québécoise de Farragut North et un gentil cuistot dans une publicité de Tim Hortons diffusée toutes les dix minutes (ou presque) sur les ondes de la télé d’État et ailleurs. Autant dire que son registre d’expressions faciales est varié, que le polyvalent interprète ne se cantonne pas à un casting très précis. De part et d’autre du spectre, à l’écriture comme en jeu, l’homme à la petite bouille sympathique fait sa marque. Si bien qu’on n’hésite pas à lui confier des personnages multifacettes, complexes et saisissants comme celui de Ben dans la pièce de Willimon mise en scène par Marie-Hélène Gendreau. «Maxime était pile dans l’énergie du rôle, il a la candeur et l’arrogance que ça prenait. […] Il a été très étonnant dans l’audition.»
La cerise sur sa bûche
À l’invitation de La vierge folle, compagnie théâtrale pilotée par un grand blond positivement fou répondant au nom de Maxime Robin, Beauregard-Martin rejoindra la distribution de son sixième spectacle choral de la période des Fêtes. Une tradition qui prend du galon, une pincée de paillettes sur la gadoue de décembre qui tournera cette fois-ci autour du thème de La reine des neiges selon Hans Christian Andersen. «Moi, je ne vais pas à la messe [de Noël], mais Les Contes à passer le temps, c’est un beau rendez-vous, une belle communion. C’est un joli rituel que Maxime, Noémie O’Farrell et Sophie Grenier-Héroux ont implanté à Québec.»
Cette fois encore, la troupe convoque gourmands et amants de la culture à la Maison Chevalier pour un buffet de desserts suivi d’une série d’histoires souvent tristounettes mais truffées d’instants de rigolade. C’est Raymonde Gagnier qui donnera vie à celle de Maxime, un récit inspiré par sa mère et, accessoirement, le simili-classique de Ciné-Cadeau mettant en vedette Arnold Schwarzenegger. «C’est une genre de course aux jouets et ça se passe dans Saint-Roch, c’est le quartier qui m’a été attitré parce que j’ai habité là longtemps. Il y a des petits clins d’œil à des magasins, des institutions du centre-ville. […] Raymonde joue une grand-mère qui est prête à tout pour acheter le cadeau de ses rêves à son petit-fils.» L’auteur interprétera pour sa part les répliques «au petit goût aigre-doux» composées par Sophie Grenier-Héroux, un monologue qui place Limoilou au cœur de l’action. «C’est vraiment bien écrit et c’est quelque chose que je n’ai jamais vraiment fait avant.»
À peine la tourtière digérée, Maxime Beauregard-Martin reprendra le stylo en vue de L’Enfance de l’art – Doigts d’auteur de Marc Favreau. Un spectacle original consacré à l’œuvre du grand monsieur derrière Sol, une production l’unissant à Nicolas Gendron, chef d’orchestre de ce labo, et à Anne-Marie Olivier, qui prendra l’affiche à la Salle Fred-Barry de Montréal en février 2017. Autant battre le fer pendant qu’il est chaud.
Du 9 au 18 décembre à la Maison Chevalier
(Une présentation de Premier Acte)