Scène

Peer Gynt : Être soi

Olivier Morin signe une nouvelle mise en scène avec Peer Gynt, d’Henrik Ibsen, un classique qui n’a pas souvent la chance d’être vu sur les planches québécoises.  

Comment s’attaquer à cette épopée, « cette espèce de pérégrination de jeune bum » qui a lieu dans de nombreux pays et qui présente un Peer Gynt à différents stades de sa vie ? « C’est vraiment le matériau qui m’a intéressé, affirme Olivier Morin. Ce n’est pas pour le défi que ça représentait; c’est vraiment parce que cette histoire-là est tellement merveilleuse et n’a pas d’allure que ça vaut la peine de passer par-dessus le défi de la monter pour la présenter au public ». Le Théâtre de l’Opsis, avec qui il collabore comme comédien depuis plusieurs années, entame un deuxième Cycle scandinave, cette fois en revisitant des textes classiques de certains pays de Scandinavie. La compagnie a fait appel au talent de Morin afin qu’il apporte sa vision de Peer Gynt, un texte que le jeune comédien avait  « un peu tassé » en raison du nombre phénoménal de personnages en entrée de jeu. « En le lisant j’ai eu un coup de foudre; ça pourrait être un de mes contemporains qui écrit ça ».

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Olivier Morin (crédit Hugo Lefort)

Vagabondant autour du globe, Peer Gynt accumule les rencontres et les expériences improbables, misant sur son aisance à mentir et sa capacité à s’adapter à presque tout. Prétentieux, confiant, immature mais somme toute attachant, le héros imaginé par Isben illustre une « célébration exacerbée de soi-même », un culte du moi qui a une résonnance certaine dans le monde actuel. Ce récit de voyage et d’aventures philosophique où Peer Gynt cherche, trouve et abandonne parfois l’amour, se fait amis de passage ou ennemis n’est pas pour autant un pèlerinage ou une quête identitaire. « Il n’est pas en train de chercher qui il est, il fait tout ça avec la certitude bien profonde, inébranlable, d’être lui-même. Ce n’est pas l’histoire de quelqu’un qui a une quête spirituelle, au contraire: c’est par l’histoire que toutes ces révélations arrivent malgré lui ».

La pièce, d’abord destinée à la lecture, a été adaptée pour le théâtre suite à son succès au moment de la parution. Une pièce qui pourrait d’ailleurs durer plusieurs heures, dans laquelle Olivier Morin a du faire certaines coupures. Au lieu d’y voir une contrainte avec les moyens restreints mis à disposition, il a saisi l’occasion d’être fidèle au personnage principal et la fantaisie du récit. « Ça va super bien dans l’esprit de Peer Gynt lui-même, qui est un espèce de menteur magnifique, qui par exemple abat du bois et tout d’un coup, regarde sa hache et a l’impression que c’est un ennemi. Son imagination est très très fertile donc d’inviter le public à embarquer dans ce jeu-là, c’est super cohérent avec la pièce ».

Pour accompagner le tout musicalement, c’est l’artiste Navet Confit qui s’est chargé de réarranger les suites orchestrales d’Edvard Grieg (les célèbres Dans l’antre du roi de la montagne et Au matin, parmi tant d’autres, ont été créées pour la pièce). « Je ne me priverai pas, en montant la pièce, d’utiliser cette musique qui fait chaud au cœur à tout le monde! On est dans le respect de garder une forme de tradition. On n’est pas orthodoxes, on a une marge de délinquance, mais c’est très agréable de se mesurer à ça, d’adapter le texte, de le couper sans le dénaturer puis d’utiliser la musique, de la transformer sans la dénaturer non plus ».

Peer Gynt
Au Théâtre Quat’Sous
Jusqu’au 19 février 2017

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