Scène

Peer Gynt : Empereur du trouble

Le troisième opus du Cycle scandinave par le Théâtre de l’Opsis n’était pas une mince affaire à mettre en scène: la pièce Peer Gynt suit l’itinéraire déjanté d’un homme aux milles péripéties, aventures et lieux visités. C’est pourtant avec une aisance apparente qu’Olivier Morin a posé un nouveau regard sur cette épopée signée Henrik Ibsen.

Kim Despatis, Sébastien Dodge, Émilie Bibeau, Steve Gagnon, Caroline Lavigne, Christophe Baril et Olivier Morin forment une joyeuse bande de (nombreux) personnages dont le metteur en scène s’est assuré que chacun d’entre eux possède une couleur et une énergie uniques. La femme en vert (Émilie Bibeau), le passager inconnu (Sébastien Dodge) et Solveig (Kim Despatis) ne sont que quelques exemples de personnages dont les rencontres avec Peer Gynt créent des moments délicieux.

opsis_peer_gynt_1851
Peer Gynt / Crédit : Marie-Claude Hamel

Peer Gynt est un rôle complexe que Guillaume Tremblay défend avec désinvolture, charisme et panache. Personnage attachant dans ses mensonges et ses écarts de conduite, détestable pour les mêmes raisons, son comédien s’approprie aisément le rôle et ses multiples nuances. Il partage ses péripéties à la manière d’un jeune conteur québécois moderne, et c’est là où le récit norvégien prend si bien forme; l’alternance des situations improbables, des innombrables mensonges et des sentiments réels du héros pourraient facilement s’inscrire dans un conte bien d’ici.

Olivier Morin a su faire naître sur la petite scène du Quat’Sous un monde de trolls, une mer déchaînée, une forêt inquiétante et tant d’autres lieux impossibles en usant d’ingéniosité et d’une imagination visiblement fertile. Il crée des lieux et des ambiances avec peu et il est difficile de ne pas se laisser porter par l’enthousiasme évident avec lequel la pièce a été travaillée et montée. Sa mise en scène dynamique et festive colle parfaitement au texte, présenté pour une des rares fois sur nos planches. Les éclairages de Marie-Aube St-Amant Duplessis créent d’intéressantes atmosphères qui nous transportent en un souffle au Maroc, dans le désert et en Norvège.

 Marie-Claude Hamel
Peer Gynt / Crédit : Marie-Claude Hamel

Héros imparfait, Peer Gynt inspire l’aventure et l’audace malgré ses gros et beaux défauts. Olivier Morin et le Théâtre de l’Opsis nous font passagers de leur folle aventure aux côtés d’un homme qui n’a cherché, un peu maladroitement, qu’à être lui-même aux quatre coins du monde.

Peer Gynt
Au Théâtre Quat’Sous
Jusqu’au 19 février 2017