Michel Dumont aura orchestré 27 saisons en tant que directeur artistique de la compagnie Duceppe. Car, il vient de l’annoncer ce jour, la saison 2017-2018 sera sa dernière. «J’ai décidé de passer le flambeau alors que je suis toujours animé par la passion et que j’ai toute l’énergie nécessaire pour assurer la transition avec la personne qui me succédera, confie le comédien. Je pense qu’il est normal, et sain, de confier ce beau et grand rôle à quelqu’un d’autre après 27 ans.»
C’est en 1991 que Michel Dumont prend ses fonctions de directeur artistique, suite au décès de Jean Duceppe le 7 décembre 1990: «C’est comme si un grand rêve — auquel je m’interdisais même de rêver! — se réalisait tout à coup. J’étais comblé. Duceppe, ce n’est pas une compagnie, c’est une famille. On m’a dit: veux-tu faire partie de la famille? Une invitation qui a changé ma vie».
Pendant son mandat, Michel Dumont a toujours eu à cœur de mettre en avant la dramaturgie nationale en programmant au moins une œuvre québécoise par saison. Au final, il aura présenté 20 grandes œuvres du répertoire québécois et 28 créations québécoises – la compagnie Duceppe a d’ailleurs été finaliste en 2010 du 26e Grand Prix du Conseil des arts de Montréal pour sa saison 2009-2010 consacrée entièrement à la création d’œuvres québécoises.
Dans les pas de Jean Duceppe
Les pièces présentées par la compagnie abordent principalement des questions culturelles et sociales, des thèmes chers à Michel Dumont. De même qu’il a mis le Québec à l’honneur, il a tenu à laisser de la place à la relève, aussi bien chez les comédiens pour que les auteurs et les concepteurs. Marcher dans les traces de Jean Duceppe, une mission accomplie pour Michel Dumont, selon le président du conseil d’administration de la compagnie Gilles Duceppe:
«Mon père répétait: « Il faut que le théâtre soit la fête du grand public. Je veux le faire rire ou le faire pleurer; je veux réussir à l’atteindre, à le toucher. Comme dans la vie ». Michel Dumont a su reconduire cette philosophie de manière brillante et inspirée tout au long de son directorat. Nous le remercions chaleureusement d’avoir assuré la pérennité dramaturgique de ce théâtre qui nous tient tant à cœur…»
Le comédien intègre la compagnie en 1973, l’année de sa création, en interprétant le rôle de Biff dans La mort d’un commis voyageur d’Arthur Miller. Il partage la scène avec Jean Duceppe, qui joue son père. Dumont a par la suite incarné Monseigneur Charbonneau (dans Charbonneau et le Chef), Ernest Hemingway (Dans l’ombre d’Hemingway), Antonio Salieri (Amadeus), Henri II Plantagenêt (Le Lion en hiver), Big Daddy (La chatte sur un toit brûlant), Vania (Oncle Vania) ou encore le Cardinal Mazarin (Le Diable rouge).
Comédien et traducteur
Officier de l’Ordre national du Québec depuis 2013 et récipiendaire de trois prix Gémeaux, Michel Dumont présentera au printemps les cinq pièces qui conclueront sa dernière saison de directeur artistique, tandis qu’un appel à candidatures sera lancé sous peu pour combler le poste. Mais, près de 45 ans après intégré la compagnie Duceppe, Michel Dumont ne la quittera pas tout à fait, comme l’explique la présidente-directrice générale de la compagnie Louise Duceppe:
«Nous sommes fiers d’avoir été représentés par un ambassadeur aussi passionné durant toutes ces années. Il s’est emparé de la mission de Duceppe avec fougue afin de surprendre, émouvoir et toucher un public fidèle et engagé. Nous poursuivrons cette magnifique aventure en lui faisant une place de choix comme comédien et traducteur au sein de nos productions. De plus, il continuera de siéger au conseil d’administration de la compagnie et demeurera membre du comité de lecture.»