Scène

Burlestacular : Mises en boîte

La troupe de Cristina Moscini rompt avec la formule cabaret pour créer un spectacle d’effeuillage contemporain, presque en décalage avec les traditions.

L’approche est nouvelle, voire théâtrale. Parties intimes explore des zones d’ombres et se libère du joug de la perfection propre à cette forme d’art popularisée par Lily St-Cyr et, plus récemment, Dita von Teese. C’est une réflexion sur l’intimité, la vraie, au-delà des pasties et de la paillette. « J’espère que les gens ne seront pas déçus, confie Karine Charbonneau alias Bonnie Mc30Sous, mais il va y avoir une surprise, c’est certain. Ce n’est pas un show conventionnel de burlesque. Il n’y a pas d’animateur ni de quatrième mur. »

La neuvième production de Cristina Moscini (nom de scène : Bambi Balboa) met de l’avant sa propre vulnérabilité et celle de ses aventurières comparses. Plutôt que de présenter une enfilade de numéros épars, toutes les héroïnes se côtoient en simultané dans un décor qui rappelle un bloc appartement ou une maison de poupées. L’une est dans sa chambre, l’autre dans sa cuisine, toutes baignent dans leur fouillis. Un concept qui peut rappeler la scénographie de La fureur de ce que je pense – pièce que les créatrices garantissent (et on les croit!) de ne pas avoir vue. « L’idée, c’était de montrer ce qui se passe une fois que le masque est tombé, lorsque la caméra ne filme pas. » Une fois leur prestation terminée, les filles se rhabillent, se changent, se mettent réellement à nu – au sens figuré. « Aller plus loin que le strip-tease » : tel était le leitmotiv de la reine mère du néo-burlesque bas vilain, la stylée, brillante et désopilante Madame Moscini.

Parties intimes, c’est aussi une réflexion sur le regard qu’on porte aux autres à travers différents archétypes féminins aux traits volontairement grossis par le suave collectif. Des dames « mises en boîte » – Moscini a vraiment le sens de la formule – parce que confinées aux étiquettes qu’elles n’ont pas forcément choisies. « En 2017, on est toute la guidoune, la jeune, la vieille, la prude ou la folle de quelqu’un. Ça ne s’en va pas. On l’a déjà dit, tout a déjà été dit et répété, mais le monde n’écoute pas. Ça fait qu’on va le redire! »

Burlestacular (Crédit: Frank Lam)
Un numéro de Bonnie Mc30Sous dans un cycle précédent de Burlestacular (Crédit: Frank Lam)

Résignées, Cristina et Karine continuent aussi de marteler son discours féministe, de cogner le clou en espérant qu’il finisse par rentrer. « Dans la tête de certaines personnes, tu ne peux pas être sexualisée et avoir quelque chose à dire. C’est comme deux choses différentes. [Ce qui est récemment arrivé avec Emma Watson à cause d’une photo sexy] ajoute une couche de pertinence à notre montrage! »

Des strip-teases enjolivés du travail de cinq musiciens qui réarrangent Radiohead, De Bussy, Louise Forestier et (scoop!) Les plaisirs démodés de Charles Aznavour pour rythmer une scène portant sur la vieillesse ainsi que ses pertes de mémoire souvent inhérentes. Parce que Burlestacular, c’est d’abord et avant tout une célébration de toutes les femmes, les plus âgées comme les plus jeunes, les petites comme les grandes, les menues comme les voluptueuses. [youtube href= »https://www.youtube.com/watch?v=l9lukUxH1N8″]C’est Frank Michael qui nous enverrait valser.[/youtube]

Du 23 au 25 mars à la Salle Multi de Méduse

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