Faire l'amour puis venir au monde
Scène

Faire l’amour puis venir au monde

Le duo Anne-Marie Olivier et Véronique Côté propose une suite de sa pièce bien-aimée et bien excitante pièce Faire l’amour, présentée sur les planches en 2014 et 2015. Cette fois-ci, elles décortiquent la naissance avec Venir au monde. Entretien avec l’auteure.

Faire l’amour, pièce poétique et charnelle autour de la sexualité écrite par Anne-Marie Olivier et mise en scène par Véronique Côté, a été applaudie à Québec et dans plusieurs villes de la province. Ce mois-ci sur les planches du Trident, on y présente la naissance de la suite logique, le fruit de Faire l’amour: Venir au monde. Tout comme sa grande sœur, ce nouveau chapitre a pris vie de façon documentaire, à partir d’une cueillette de vrais témoignages à propos de la naissance.

«On a été ébahis devant le pouvoir des histoires vraies, indique l’auteure, comédienne et directrice artistique du Trident, Anne-Marie Olivier. On fait du théâtre, mais aussi une étude sociologique et les gens nous apportent des perles d’histoires, des choses qu’on n’aurait pas pu inventer. C’est tellement intéressant d’arrêter de se regarder le nombril et d’écouter les histoires des autres. Je les reçois comme de véritables cadeaux. Et c’est fou à quel point la réalité dépasse la fiction.»

Même méthode de recherche documentaire, donc, mais l’auteure et son amie metteure en scène ont voulu cette fois-ci trouver une autre façon d’explorer les histoires vraies. Alors que dans Faire l’amour elles étaient racontées une après l’autre par les comédiens, dans la pièce à venir, elles se déclinent dans l’action avec des allers et retours dans le temps. La prémisse de départ: «On a reçu une histoire d’une femme qui est partie accoucher en pleine nuit et a fait une collision avec un orignal, dévoile Anne-Marie Olivier. Il y a une autre femme qui est venue à son secours et la femme enceinte a pu être sauvée. Quelques personnes seront dépêchées sur le lieu de cet accident-là et on aura alors accès à la naissance de chacun d’eux.»

L’équipe de production a donc dû cibler davantage ses cueillettes de témoignages puisque Venir au monde mettra en scène des histoires d’ambulanciers et de policiers qui ont assisté à des naissances, mais aussi du personnel hospitalier – infirmière, accompagnante, obstétricien, anesthésiste…

Naître mortel

Anne-Marie Olivier, photo : Stéphane Bourgeois
Anne-Marie Olivier, photo : Stéphane Bourgeois

Le sujet de la naissance – le début de la vie – s’inscrit bien dans le travail et les envies dramaturgiques d’Anne-Marie Olivier puisque celle-ci est surtout attirée par les œuvres sur la vie et la mort. «Ce qu’on fait avec notre vie, la chance qu’on a d’être en vie et notre rapport avec la mort sont des idées qui m’intéressent beaucoup, précise-t-elle. Après ce spectacle-ci, je veux faire un spectacle sur la mort. Il y aura eu Faire l’amourVenir au monde et Mourir. C’est sûr qu’il y a plein de choses entre les deux, là!», dit-elle en s’esclaffant de rire.

Avant ce Mourir, Anne-Marie Olivier souhaite célébrer la vie dans Venir au monde, mais aussi véhiculer le côté fabuleux mais aussi périlleux de notre existence et se questionner sur l’apport des autres. «Dans la figure de l’accident, y a ça qui était intéressant: on a besoin des autres puisqu’ils altèrent notre vie. Qu’on mette ou non des enfants au monde, ça change complètement nos vies et ça détermine plein de choses à propos de nous par la suite. Dans les thématiques, j’aime penser en quoi les collisions qu’on va vivre vont nous transformer, nous éclairer, nous assombrir.»

Venir au monde se veut une pièce pleine d’espoir qui s’inscrit dans ce que l’auteure désire explorer dans la programmation du Trident, où elle est directrice artistique depuis presque cinq ans. «Des propositions qui en donnent beaucoup pour la tête et le cœur», et «des grandes œuvres qui répondent vraiment aux enjeux majeurs du présent», précise-t-elle en avouant être encore bouleversée par la tuerie dans la mosquée de Québec en janvier. «On programme avec des envies et des appétits de parler au monde. Nos vies sont tellement folles que lorsqu’on les arrête pour aller au théâtre – pour cette messe quasi archaïque! –, il faut au moins la remplir de sens. C’est le pari que j’essaie de tenir ici.»

Venir au monde 
Au Théâtre du Trident
Du 25 avril au 20 mai