The Principle of Pleasure: émancipation contemporaine
Scène

The Principle of Pleasure: émancipation contemporaine

The Pleasure Principle est une chanson culte de Janet Jackson. «Elle parle du plaisir, mais aussi de l’oppression qui nous étouffe avant que l’on puisse s’en libérer afin de le trouver.» Gerard Reyes présente l’aboutissement d’une émancipation qui est sienne – celle de retrouver le plaisir qui l’a mené à la danse. À l’époque, c’était Janet; aujourd’hui, c’est la création.

Gerard Reyes aime considérer le spectateur comme un client et cela influence grandement la façon dont il aborde la scène: «Ce que je souhaite vivre en tant qu’interprète et artiste et ce que je veux donner aux autres sont des thèmes très importants pour moi. Le public est l’essence et la raison de ma présence sur scène. Je ne veux pas l’ignorer. En fait, je veux danser avec lui! […] En danse contemporaine, on se prend trop au sérieux. On ne laisse pas de place à l’humour et au jeu.» Ce constat fait partie des prises de conscience qui l’anime depuis qu’il a abandonné son rôle d’interprète dans la Compagnie Marie Chouinard pour laquelle il a dansé pendant presque sept ans. «J’étais arrivé à un moment de ma carrière où je ne voulais plus suivre les consignes ou la vision d’un autre artiste. J’étais en métamorphose dans le processus pour trouver ma propre vision.»

Crédit photo : Alejandro Santiago
Gerard Reyes / Crédit photo : Alejandro Santiago

The Principle of Pleasure lui a également permis de s’affirmer en tant qu’homme gai sur la scène contemporaine. Les influences du voguing – style de danse né à Harlem dans les années 1970 au cœur des communautés marginalisées – se sont d’abord manifestées de façon inconsciente quand Gerard Reyes improvisait en studio, avant qu’il entreprenne de se perfectionner auprès de maîtres tels que Javier Ninja, Amazon Leiomy et Archie Burnett. «Le voguing à été crée par des hommes gais et des femmes transgenres noirs et latinos. Pour moi, ça reliait tous les aspects de ma personnalité, de mon identité, de mes façons de bouger et de ce que j’aime de la danse: soit danser avec la musique.» Pour son spectacle, il s’inspire aussi des «stripteaseuses», de leur sensualité et de l’imaginaire qu’elles éveillent grâce à leur approche du mouvement.

L’artiste favorise une atmosphère intime où le public est amené à vivre différentes situations et à explorer les différents rôles que l’on joue dans notre société: «Pour se sentir libre, il faut se sentir en confiance. C’est ce que j’essaie de bâtir avec le public.» Le chorégraphe et interprète est conscient de l’influence que peut avoir la musique sur un individu, un élément qu’il met à profit afin de créer une ambiance chaleureuse pendant la présentation. De concert avec le compositeur montréalais Davon Bate, Gerard Reyes a choisi minutieusement les chansons et les paroles de son spectacle, parfois diffusées de façon intégrale ou à travers de nouveaux arrangements.

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Affiche : The Principle of pleasure

Se donner la permission d’improviser sur la musique, tisser un lien intime avec le public et affirmer sans retenue une sexualité exubérante sur scène font partie des nouveaux paradigmes que l’artiste revendique. Il est temps de se libérer des codes stylistiques développés à l’époque d’Yvonne Rainer et du «No Manifesto» qui imposait une vision stricte de la danse et de sa représentation.

Gerard Reyes partage la démarche qui l’a mené à créer The Principle of Pleasure avec générosité et ouverture. Cela ne fait pas de lui un créateur sans réserve lorsqu’il aborde le déroulement de son spectacle. «À quoi ça sert de dévoiler toutes les surprises avant que les gens ne voient la pièce? On en sait déjà trop dans la vie actuelle, je pense. Il faut laisser l’espace pour se surprendre.»

Avis aux curieux, l’invitation est lancée.

1er au 4 juin
Monument-National, dans le cadre du FTA

fta.ca