Scène

Grande Finale: un nouveau départ pour Hofesh Shechter

Depuis ses débuts en chorégraphie en 2004, Hofesh Shechter connait un parcours prolifique. Il a fait ses armes avec la célèbre Batsheva Dance Compagnie, basée à Tel-Aviv. Son esthétisme théâtral et sa gestuelle organique lui ont inspiré sa signature. Il présente sa récente pièce Grande Finale à Danse Danse à Montréal, en première américaine.

Sa pièce Barbarians, présentée à Québec en 2015, explorait l’énergie brute humaine; de la sensualité intime qui existe entre deux personnes jusqu’aux rythmes qui animent les mouvements de groupe. Les relations et la quête de sens demeurent des thèmes récurrents dans l’approche à la création de Hofesh Shechter. Ces derniers s’immiscent d’ailleurs au cœur de sa démarche. «L’humain pique ma curiosité, tout comme ses émotions et la façon dont elles s’articulent dans un monde complexe», nous dit-il. Le titre de sa plus récente pièce, Grand Finale, joue sur l’ironie des drames auxquels nous faisons face. «J’ai commencé sa création avec un sentiment d’écrasement face aux événements de l’actualité, face à ce sentiment général que tout s’écroule autour de nous.» À travers cette pièce, le chorégraphe questionne la possibilité que notre monde s’effondre réellement. Il a ainsi utilisé le titre qu’il souhaitait donner à l’une de ses créations au moment où sa carrière est encore loin de tirer à sa fin. 

Malgré son questionnement sur la véracité des drames auxquels nous faisons face, l’univers dans lequel il plonge le spectateur dans Grand Finale n’en reste pas moins lugubre. L’éclairage conçu par Tom Visser et la scénographie assurée par Rosie Elnile ont joué un rôle prédominant dans la création et ont lancé un nouveau défi au chorégraphe. C’est un de ses rêves qui l’a mené à définir le point de départ pour les structures sur scène. «La designer m’a dit tout de suite qu’on ne ferait pas ça», souligne-t-il en riant. Peut-être que ce rêve où un homme circulait mystérieusement entre des tours faites en papiers blancs japonais lui a permis de donner le ton à l’ambiance de la pièce.

photo Rahi Rezvani
photo Rahi Rezvani

Cette perte de repère guide les interprètes vers une introspection sur scène. Une capacité humaine forte que le chorégraphe ne manque pas de souligner chez des danseurs qui l’accompagnent depuis plusieurs années. Ils sont virtuoses, au-delà du corps. Cette force de l’âme sert certainement le chorégraphe à créer une connexion forte avec son public pour lequel il voue une grande considération. Celui qui a souvent affirmé que la danse contemporaine pouvait être ennuyante a trouvé une façon de livrer la sienne autrement. Comment? Une énigme qu’il sera impossible de résoudre en tant que spectateur. Néanmoins, sa démarche est transparente: «Je n’ai pas honte d’affirmer que je prends en compte mon public au moment de créer. Non pas pour le satisfaire ou pour me faire aimer, mais plutôt dans l’espoir de partager quelque chose avec lui, que ce soit une série d’expériences, d’émotions, de questions ou encore l’étrangeté de nos structures culturelles. Plusieurs créateurs oublient qu’on ne danse pas seul dans une pièce, mais que nous évoluons dans une salle où des milliers de personnes nous observent.»

Dans Grand Finale, les six musiciens sur scène navigueront entre la musique classique et traditionnelle israélienne, entre le rock et l’électronique jusqu’aux chants et aux mélodies épiques. Ils accompagneront les 10 danseurs dans cette épopée, semble-t-il apocalyptique.

La danse sert à «partager une expérience. Du moins, c’est ce qu’elle représente pour moi»

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Danse Danse, Théâtre Maisonneuve, Place des Arts – Billets
Du 1er au 4 novembre 2017, 20h