Hamster : Drame de banlieue
Scène

Hamster : Drame de banlieue

C’est avec Hamster que Marianne Dansereau s’est vu décerner le prix Gratien-Gélinas remis à un texte dramaturgique de la relève. La pièce prend désormais vie à La Licorne dans une mise en scène de Jean-Simon Traversy.

Le soir de la fête du Travail, une constellation de sept personnages prend place sur scène. Une fille qui attend l’autobus, dérangée par un voisin qui passe la balayeuse sur son gazon, deux commis adolescents dans un Pétro-Canada se font sermonner par leur superviseure qui guette les clients mystères, et une autre fille qui évite la rentrée et passe la pièce à livrer ses états d’âmes à son hamster, qu’elle trimballe partout. Il va sans dire que tous se rencontreront, pour le meilleur et pour le pire, au cœur de cette nuit fériée.

La scénographie, signée Clélia Brissaud, dépeint tantôt l’arrêt d’autobus, tantôt la station-service avec, en son centre, la toilette qui se découvre derrière une vitre. De plus, un espace est aménagé à la gauche de la scène pour l’auteure-compositrice-interprète Lydia Képinski qui accompagne toute la pièce avec sa guitare. Si le décor permet de rapides changement de lieux, on ne peut en dire autant de la mise en scène qui semble tout aussi obscure que le texte qu’elle porte.

Effectivement, les divers choix de Jean-Simon Traversy s’expliquent plutôt mal tout au long de la pièce. Les personnages sont gras et unidimensionnels: le voisin qui ne se mêle pas de ses affaires, la superviseure plutôt casse-couille, la fille agressive, la moche qui se promène avec son hamster et que dire des deux commis assez flancs-mous! Si l’idée de donner accès aux spectateurs à ce qui se déroule à l’intérieur de la toilette de la station-service pouvait sembler intéressante, encore fallait-il qu’il s’y passe quelque chose de plus intéressant qu’un adolescent éclatant des boutons qui giclent dans un miroir. Que ce soit la présence d’une musicienne sur scène, de l’utilisation d’un microphone pour une seule des comédiennes ou encore des éclairages diffus pour certaines scènes, peu de choses semblent tenir la route ici.

Il est clair que plus on avance dans la pièce, plus il semble inévitable qu’un événement cathartique unira tous ces personnages. Nous sommes bien en selle pour une chute dramatique. Le tout arrive de façon rapide et plutôt désolante, laissant le public sur sa faim plutôt que réellement tombé des nues. Si la présence de Lydia Képinski semble injustifiée tout au long de la pièce, n’en demeure pas moins que c’est elle qui livre la meilleure performance, alors qu’aucun comédien ne parvient réellement à nous faire entrer dans ce drame de désolation de banlieue qui – au final – n’a d’égal que celle des spectateurs.

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Hamster, un texte de Marianne Dansereau, une mise en scène de Jean-Simon Traversy, avec Pascale Drevillon, Guillaume Gauthier, Zoé Girard-Asselin, Tommy Joubert, Igor Ovadis et Zoé Tremblay.

Au théâtre La Licorne jusqu’au 24 mars