Tom na fazenda au FTA : Danse macabre
Scène

Tom na fazenda au FTA : Danse macabre

La compagnie brésilienne Galharufa Produções présente Tom à la ferme, de Michel Marc Bouchard, en sol montréalais. Un véritable cadeau pour le public d’ici.

Sur l’immense scène dépouillée de la Maison Théâtre, le duo mère et fils (Kelzy Ecard et Gustavo Vaz) déploient une toile et déplacent des chaudières tout en scrutant la foule agitée. Le travail répétitif et ardu de la ferme n’attend pas, même suite à une tragédie. La routine sera toutefois à nouveau bouleversée lorsque Tom (Armando Babaioff) s’invitera sans préavis dans la demeure familiale de son amant décédé. Francis (Gustavo Vaz), le frère du défunt, exerce immédiatement son emprise sur Tom. Il contrôle ses faits et gestes, son deuil et sa véritable identité.

La boue est la matière première du spectacle. Elle macule les corps, tache la peau et souille les vêtements comme les révélations et le tissu de mensonges imposé par Francis enveniment les relations. Quelques simples éclairages la transforment en sang et installent un climat malsain, ambigu, où l’écriture de Michel Marc Bouchard y fait côtoyer l’humour, la haine de la différence, les désirs refoulés et une tendresse bien particulière.

La mise en scène terriblement efficace signée Rodrigo Portella est marquée par une impeccable chorégraphie de corps en perpétuel mouvement. Celui de Tom est tendu, apeuré, violenté par l’imprévisible sauvagerie de Francis, manipulé jusqu’à en devenir un doublon de ce dernier en imitant ses manières frustes. Francis est droit, imperturbable, fort, animé par une violence sans nom. La scène de danse entre les deux rivaux, à la fois charnelle et brutale, confirme les sentiments contradictoires des hommes et la complexité de leur relation.

Kelzy Ecard est épatante dans le rôle d’une mère endeuillée dont le moindre rebondissement déclenche chez elle une avalanche d’émotions. S’adressant souvent à son amant perdu, Tom (Babaioff) est bouleversant en amant brisé par la mort précipitée de son amoureux, incapable de pouvoir exprimer la passion de leur relation d’autrefois. Le Francis de Gustavo Vaz est inquiétant et solide, à la fois bourreau de Tom et victime d’un drame qu’il ne sait vivre normalement. Un spectacle à la hauteur de cette grande tragédie québécoise.

fta.ca