Machine de cirque : clowns modernes volants
Ce spectacle éponyme est le premier de la compagnie Machine de cirque – on n’avait malheureusement pas eu l’occasion de le voir lors de sa présentation à Montréal Complètement Cirque en 2015. Trois ans et quinze pays plus tard, la compagnie est à l’affiche de la programmation 100% québécoise de la nouvelle saison de la Tohu. Et quelle belle découverte!
De Machine de cirque, ce spectacle n’en a pas que le nom. À commencer par la scénographie : un haut échafaudage rempli d’un joyeux fatras d’objets, de poulies et de trappes coulissantes, qui se mettent en mouvement à la demande (le directeur artistique, Vincent Dubé, a d’ailleurs une formation en génie civil). Ce décor à la fois bringuebalant et ingénieux et les chorégraphies des artistes sur les plusieurs étages de l’échafaudage rappellent vaguement Les Temps modernes chaplinesques…
Les machines, ce sont aussi ces quatre acrobates (Raphaël Dubé, Ugo Dario, Maxim Laurin et Yohann Trépanier) à la technique très maîtrisée que ce soit en jonglerie (quel beau tableau!), vélo, unicycle ou trapèze. Le spectacle avance en crescendo, commençant un peu lentement mais montrant par la suite toute l’étendue des talents des membres de la compagnie. On pense notamment au magistral numéro de planche coréenne – qui a décroché le record Guinness du plus grand nombre de saut périlleux arrière en 2016.
Mais ce qui accroche le plus le public, et qui différencie du même coup Machine de cirque de la plupart des compagnies circassiennes, c’est l’humour qui ressort de chaque numéro. On adore notamment celui de la date ou des serviettes qui, sans aucune acrobatie, subjuguent le public par leur créativité et leur comique. Ç’en est tellement drôle que les artistes peinent parfois eux-mêmes à garder leur sérieux… Le vieux clown traditionnel est remisé aux oubliettes : on préfère de beaucoup suivre les aventures quotidiennes de ce quintette en folie.
Le dernier membre du quintette justement, c’est le musicien Frédéric Lebrasseur. S’il se prête ici et là à un peu de jonglerie avec ses camarades ou escalade l’échafaudage, il assure surtout l’ambiance musicale – souvent survoltée. À la batterie, à l’harmonica géant ou sur tout autre instrument inventé, il joue avec le décor et propose des interludes tout aussi comiques que les numéros de ses comparses. Machine de cirque intègre ici de belle façon la musique et le musicien au spectacle, sans le limiter à un fond sonore extérieur.
La théâtralité est très bien travaillée dans la mise en scène, utilisant donc joliment la musique mais aussi la lumière, et rien n’est fait par hasard. On aime l’authenticité et le naturel dans le jeu, les petites saynètes entre gars semblant tirées de tranches de vie réelles. Chaque spectateur y trouve son compte, que ce soit de l’adrénaline concentrée en regardant les acrobaties périlleuses, des fous-rires devant les numéros d’humour et de mime ou de l’émerveillement devant la machine-épave aux mille ingéniosités… Bref, à ne pas rater.
Machine de cirque
jusqu’au 14 octobre à la TOHU