L’Assemblée : la polarisation politique sur scène
« On assiste à une montée de l’extrême-droite et de l’extrême gauche ; est-il possible de faire un pont entre les deux? Et pourquoi le discours ambiant est-il devenu si tribal et déconnecté? » En 2016, en pleine campagne électorale de Donald Trump, ces questionnements travaillent la dramaturge Annabel Soutar, tandis qu’elle observe une diminution de la qualité du discours politique et une acceptation générale de toutes sortes de pensées qui n’étaient pas acceptées avant. C’est dans ce contexte que naît le projet de L’Assemblée, une pièce qui sera présentée à partir du 10 novembre au théâtre Espace Go.
L’objectif : observer les mécaniques de la polarisation politique. « On a invité quatre personnes chez nous, raconte Annabel Soutar. Quatre femmes d’âge et de milieux culturel et professionnel différents rassemblées pour parler d’enjeux actuels. » Parmi elles, l’une est voilée, l’autre est d’extrême-droite… Pourquoi seulement des femmes? « C’est un clin d’oeil à l’Espace Go et sa programmation très féminine. C’est aussi une façon de montrer que dans un même groupe, ici de femmes, on peut voir de la polarisation. »
Cette soirée de quatre heures a été enregistrée et le texte a ensuite été donné à des comédiens. Un processus de théâtre documentaire propre à la compagnie Porte-Parole, à qui l’on doit également la production de J’aime Hydro. Le verbatim de l’échange entre les quatre participantes a ainsi été repris mot pour mot dans les répliques des comédiennes (Pascale Bussières, Amélie Grenier, Nora Guerch et Christina Tannous), avec quelques coupures seulement pour raccourcir la durée du spectacle.
Théâtre engageant et divertissant
« Dans nos pièces, on veut toujours filtrer le réel à travers des artistes de la scène, indique Annabel Soutar. Ça permet de prendre du recul. Et les vraies participantes sont reflétées par notre casting… C’était très intéressant de suivre la conversation entre la comédienne et son personnage, qu’elle doit défendre sans juger. » À la soirée enregistrée se sont en effet ajoutées plusieurs entrevues de suivi. Si la pièce est construite autour de la discussion, la dramaturge assure qu’il y aura aussi des événements et de l’action, pas seulement du débat. « C’est du théâtre engageant et divertissant, assez drôle ; ça passe comme une comédie. »
Une comédie que l’Espace Go propose en deux séries de représentations, en anglais et en français. La première de la pièce dans la langue de Shakespeare a eu lieu le mois dernier à Toronto, et le spectacle sera aussi présenté à partir de mars 2019 aux États-Unis. Annabel Soutar encourage d’ailleurs les Montréalais à venir voir la pièce dans les deux langues.
Une nouvelle production de théâtre documentaire pour Porte-Parole donc, qui se penche cette fois sur la polarisation politique. « Cette pièce nous emmène à une réflexion, elle crée un espace collectif où on est capable de se retrouver, pense la dramaturge. Ça permet de réfléchir sur la détresse que nous vivons actuellement quand on lit les nouvelles… »
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L’Assemblée
du 13 novembre au 2 décembre
The Assembly
du 10 au 17 novembre
Espace Go