Souveraines : les femmes au pouvoir
Scène

Souveraines : les femmes au pouvoir

Pourquoi les femmes ont-elles moins accès au pouvoir? Rose-Maïté Erkoreka tente d’y répondre dans sa pièce, présentée actuellement sur les planches du Théâtre de Quat’Sous. Entretien avec une comédienne qui a pris la plume…

Quand Sophie Cadieux a quitté sa fonction de codirectrice artistique du Théâtre de la Banquette arrière, Rose-Maïté Erkoreka, une des fondatrices de la compagnie, a pris sa place. Un nouveau poste qui a amené la comédienne à une réflexion sur les femmes et le pouvoir… La Banquette arrière avait déjà abordé le sujet de la place des femmes dans la société (dans Un timide à la cour notamment), et cette dernière pièce en évoque un nouveau volet.

« Je voulais écrire pour ma gang », explique Rose-Maïté, qui signe ici son premier texte. Dans cette douzième production de la compagnie, une amusante mise en abime, on suit une troupe de théâtre qui travaille sur une pièce parlant des figures de pouvoir féminines. On y parle d’affranchissement, de prise de parole, de prise de pouvoir aussi, dans une intrigue entre réalité et fiction.

« Il y a des archétypes et des personnages décalés, c’est une réalité assez floue. La petite histoire sert la grande Histoire, nuance l’auteure. Si on a toujours un propos social sous-jacent, notre troupe reste très ludique. » La grande Histoire, où on y croise plusieurs figures historiques féminines, de Néfertiti à Pauline Marois, y compris imaginaires, comme Lady Macbeth.

« J’aime beaucoup les reines en général! confie Rose-Maïté. Il y en avait encore plus dans les précédentes versions du texte. On en a enlevé, pour que ça ne devienne pas un show de fantômes. Dresser des portraits historiques de ces femmes devient moins intéressant que de suivre l’histoire de cette troupe. » La joyeuse distribution (Sébastien Dodge, Amélie Bonenfant, Anne-Marie Levasseur, Lise Martin, Éric Paulhus et Simon Rousseau) est ici dirigée par Marie-Josée Bastien.

Rose-Maïté, qu’on avait pu voir dans Le déclin de l’empire américain, incarne elle-même un rôle dans la production, celui de son alter-ego Maya. Un personnage qui a du mal à s’affirmer et se cherche beaucoup, inspiré d’une période de la vie de l’auteure. « La vie est politique. C’est encore difficile pour les femmes de prendre leur place, quel que soit le domaine », pense Rose-Maïté.

Avec un léger syndrome de l’imposteur, elle souligne par ailleurs à plusieurs reprises qu’il s’agit d’un premier texte, et parle de sa surprise que le Théâtre de Quat’Sous lui a montré de l’intérêt – c’est d’ailleurs la première fois que la Banquette arrière se produit dans le théâtre du Plateau.

« Je ne m’attendais pas à devoir faire autant de réécritures! avoue l’auteure en parlant de sa première expérience en tant qu’auteure. J’ai été surprise par le nombre de versions. Je ne sais pas encore si je réécrirai. Mais j’ai trouvé que c’était une belle aventure… » En attendant, Rose-Maïté a su prendre sa place, comme codirectrice artistique qui amène des projets à sa troupe, comme auteure, et comme femme aussi.

Souveraines
jusqu’au 8 décembre au Théâtre de Quat’Sous