Foirée montréalaise : Légendes d’ici
C’est au tour au Plateau Mont-Royal de se faire chanter la pomme dans cette édition 2018 de la Foirée montréalaise. Anecdotes, musique, danse et faits historiques s’enchaînent pour offrir une soirée festive qui souligne avec amour la beauté et les travers d’un quartier aussi aimé que méprisé.
Thé, chocolats, places douillettes sont offerts par la joyeuse bande de la Foirée qui accueille chaleureusement les spectateurs à l’entrée. On a presque envie d’y laisser ses bottes et de participer à l’ambiance festive déjà présente.
Pour certains, le Plateau est un quartier d’artistes, le nid de petites révolutions et de grandes idées, un arrondissement multiculturel où il fait bon vivre; pour d’autres, ce sont les irritants et les clichés qui le définit: son snobisme et son bourgeoisisme, la menace perpétuelle des augmentations de loyer, la misère grandissante… C’est précisément ce que les textes du spectacle abordent pour tenter de définir, sans prétention, avec beaucoup d’humour et de musique, le quartier qui a abrité tant de personnalités culturelles importantes, mais aussi des personnages inconnus qui méritent qu’on les célèbre.
De beaux hommages sont rendus pendant la soirée: Marcel Pomerlo, qui porte très bien le chapeau de conteur, raconte avec sensibilité l’histoire d’Anita, une waitress en «niniforme» jaune ayant passé quarante-deux ans à faire son métier et à réussir l’exploit d’envoyer ses cinq filles à l’université. Ou encore ces moments partagés entre Geneviève Labelle, lorsqu’elle était enfant, et sa vieille voisine portugaise. Le fado qu’elle entame avec sa superbe voix complète à merveille ce moment tout en douceur.
Les prises de paroles de Tatiana Zinga Botao et Fabien Dupuis sont parmi les moments les plus savoureux de la soirée. La comédienne offre une agréable et nécessaire perspective sur l’accueil des Québécois et sur la vie montréalaise depuis qu’elle habite le cher Plateau. Fabien Dupuis, très investi, raconte ses déboires d’antan avec beaucoup d’humour.
Bien que le passage du conte urbain à la musique soit un changement de registre divertissant, les nombreuses chansons à la guitare et les élans de colère sur des faits anodins n’apportent que peu de magie au reste du spectacle.
La Foirée montréalaise, c’est le temps des Fêtes en avance. Comme à la messe, on serre la pince à son voisin et on se présente. On tape des mains au rythme de la musique (et même d’une chanson grivoise) et on rit de bon cœur. Un spectacle qui donne l’impression d’être déjà en famille, le temps d’une soirée.