The Great Tamer : Racines enfouies
Scène

The Great Tamer : Racines enfouies

Tout est une histoire de symbolisme dans The Great Tamer (Le Grand Dompteur) du chorégraphe grec Dimitri Papaioannou. Pour sa première venue à Montréal, il nous présente une création dialoguant entre le plastique, la danse et le théâtre. Une recherche chorégraphique avec une succession d’images évocatrices qui s’imprègnent irrémédiablement dans l’esprit.

Sur une scène en pente composée de strates grises amovibles qui évoquent des plaques géologiques ou un cimetière, les danseurs apparaissent et disparaissent, au rythme du Beau Danube bleu de Strauss, tantôt en ralenti ou en accéléré. La composition visuelle surpasse tout de suite le sens profond, qui dans cet espace de jeu mouvant a très peu d’importance.

Cette narration suit pourtant une trajectoire, c’est une quête archéologique à laquelle s’adonnent les danseurs, qui fouillent, creusent, enterrent ou déterrent. Ils fouillent le sol comme la chair dans un acharnement tragique contrastant avec l’humour sous-jacent présent dans les différents tableaux. D’ailleurs, The Great Tamer est une fresque en elle-même, et les corps des danseurs, dans une nudité originelle, s’y déploient pour nous offrir des images saisissantes.

Et la force du spectacle réside dans ces images-là, trop pour qu’on se les rappelle toutes, mais qui laissent une empreinte et suscitent même une certaine obsession. Les influences culturelles – picturales, mythologiques – abondent dans les postures des interprètes et Dimitri Papaioannou arrive à créer à partir de ces collages son propre langage onirique, passant du rêve aux funérailles, de la naissance à la destruction.

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En tant que spectateur, on part à la rencontre de ces vestiges, des fantômes du passé, des œuvres marquantes de notre civilisation. C’est ainsi qu’on s’émeut devant l’astronaute de 2001 : L’odyssée de l’espace berçant un jeune homme. Ou que l’on découvre La leçon d’anatomie de Rembrandt se transformer en séance cannibale.

Il y a une grande poésie dans la sensibilité avec laquelle le chorégraphe traite sa scénographie dont la beauté et l’érotisme se marient avec le chaos. On trouve ainsi une certaine efficacité dans cette fable qui nous est racontée et qui prend place à la fois sur une plage, une lune ou dans un champ de blé.

The Great Tamer possède aussi un esprit circassien et fait la part belle à la force physique dont doivent faire preuve les interprètes et la précision avec laquelle ils nous livrent cette partition. Ils sont danseurs, mais aussi acrobates et comédiens. Sans leur présence incarnée, cette toile n’aurait certainement pas eu le même effet.

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The Great Tamer
jusqu’au 27 janvier à l’Usine C