Britannicus au TNM : excès, pouvoir et actualité des propos
La célèbre pièce de Jean Racine, la plus jouée après Andromaque, est à la programmation du Théâtre du Nouveau Monde à la fin mars.
Britannicus, c’est un joyau de la littérature dramatique du Grand Siècle, l’un des plus puissants affrontements de la dramaturgie classique française. Dans cette mise en scène de Florent Siaud, il est porté par un regard contemporain confirmant la pérennité de l’œuvre.
Cette fresque farouche et brutale nous plonge dans la politique de la Rome de l’an 55. La pièce raconte l’histoire d’Agrippine, qui place son fils Néron sur le trône de Rome en mettant à l’écart Britannicus. Ce dernier, fiancé à Junie, descendante directe de l’empereur Auguste, pourrait incarner l’héritier légitime s’il venait à convoiter le pouvoir. Néron, dangereux et imprévisible, alimente le projet d’enlever la jeune femme pour éviter un mariage qui pourrait menacer sa destitution. Au passage, il souhaite supprimer son rival. Son plan part à la dérive alors qu’il tombe follement amoureux de Junie.
On y voit les personnages s’entredéchirer et s’affronter alors que l’amour démesuré du pouvoir triomphe. «C’est une œuvre de feu et de passion. C’est aussi une fierté de la langue, d’une grande limpidité, aux enjeux clairs et grands», résume Annie Gascon, directrice communications, marketing et développement international au TNM.
Le pouvoir dans le temps
Le théâtre de Racine interroge autant les pouvoirs du langage que ceux de la société. Y sont abordés des sujets à la sensibilité actuelle: la haine entre deux frères, la tension d’un triangle amoureux, la jalousie, les jeux d’influence, la corruption, le besoin d’exister, l’émancipation d’un fils sous l’oppression d’une mère… Des sentiments indémodables qui servent la modernité du propos.
Bien qu’il s’agisse d’un classique, il peut être tout un défi de rendre le texte du dramaturge tragique français accessible aux néophytes, comme le souligne Annie Gascon. «Racine, ce n’est pas l’auteur à la mode. Les gens ne vont pas courir voir une pièce de théâtre en alexandrins. L’enjeu est de le faire découvrir à un public plus jeune.» Tout cela passe par des thématiques intemporelles, mais aussi par une mise en scène signée Florent Siaud, devenu un incontournable au Québec, qui donne force aux textes les plus touffus. Ce grand connaisseur du dramaturge affectionne l’idée de revoir les classiques en accueillant des talents qui arrivent à donner un autre souffle aux textes du passé.
Britannicus
Du 26 mars au 20 avril au Théâtre du Nouveau Monde
Avec Sylvie Drapeau, Francis Ducharme, Éric Robidoux, Marc Béland, Maxim Gaudette, Marie-France Lambert et Evelyne Rompré