Requiem Pop : Un adieu électrique
La chorégraphe Helen Simard clôt son cycle de création consacré à l’icône du rock, Iggy Pop, avec une grande messe turbulente, mais qui révèle bien des fragilités. Dans Requiem Pop, on célèbre autant qu’on se recueille.
Cette recherche de six ans, presque une «obsession» selon Helen Simard, aura donné vie à No Fun en 2015 et à Idiot en 2017. Requiem Pop, qu’on découvre dans l’intime salle de l’Agora de la danse, s’attarde – ou plutôt s’inspire – de l’aura des années récentes de la figure populaire qu’est Iggy Pop. Mais alors qu’on s’attendrait à tort à une proposition versée dans l’excès, à l’image de l’Iguane, le propos est plutôt présenté avec délicatesse.
Les six interprètes et les trois musiciens sont tous Iggy Pop, mais celui-ci reste une «muse» et ne devient en aucun cas, un personnage. On le voit apparaitre dans des références visuelles et sonores, entre autres, dans des extraits d’entrevues déclamés par l’interprète Angélique Willkie.
On assiste à la manière dont une somme d’influences – Iggy Pop et tout ce qu’il représente comme contradictions – sert une matière chorégraphique. Il y a une attraction presque physique à regarder les danseurs incarner et désincarner le chanteur rock sur la trame musicale, une composition continue de Jackie Gallant, Roger White et Ted Yates, qui alterne entre une ambiance calme et survoltée. De même que les interprètes qui livrent leurs solos, duos et leurs moments unis dans une exaltation que vient toujours interrompre une lenteur émotive. On lit bien entre les lignes la fougue de la jeunesse et peut-être la sagesse d’un âge vénérable. Ce concert chorégraphique parle d’une fragilité que connaissent d’ailleurs tous les artistes, un face à face avec le temps. La force d’Helen Simard est de nous présenter cela dans une sobriété tout électrique.
La gestuelle est très instinctive dans Requiem Pop. Stacey Désilier, Stéphanie Fromentin, Justin Gionet, Sébastien Provencher, Sarah Williams et Angélique Willkie partagent des énergies uniques et traitent différemment l’exaltation. La célébration devient personnelle à chacun des interprètes, qui, dans leurs déchainements, arrivent à offrir un résultat très articulé et très expressif. Leurs corps sont portés d’eux-mêmes et sont habités d’émotions fulgurantes lisibles dans les tremblements, les pirouettes, les mouvements au sol, les passages entre accélération et ralentissement.
Requiem Pop est un abandon brut, un chaos suggestif, mais sans le côté sombre. Une belle manière de mettre fin à une relation toute singulière entre la chorégraphe et Iggy Pop.
Jusqu’au 13 avril
À l’Agora de la danse
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