Chansons pour filles et garçons perdus : Une belle fête collective
Scène

Chansons pour filles et garçons perdus : Une belle fête collective

Onze ans après la création de Poésie, sandwichs et autres soirs qui penchent, Loui Mauffette revient avec un autre spectacle jubilatoire. Présenté dans le cadre du 50e anniversaire du Centre du Théâtre d’Aujourd’hui, Chansons pour filles et garçons perdus se veut une récréation sans prétention, un lieu de partage intemporel, un appel à célébrer les mots de nos poètes québécois.

Il faut imaginer Chansons pour filles et garçons perdus comme un rendez-vous d’amis très chill qui ne s’adresse en rien à l’underground théâtral ni aux spécialistes. On ne tente pas non plus de mettre en scène l’encyclopédie de la poésie. Loui Mauffette insiste là-dessus et sur son désir que le résultat rejoigne le futur spectateur et lui donne le goût d’aimer la poésie. Même si «un show sur l’amour, ce n’est pas à la mode par les temps qui courent», admet le créateur.

Dans un carré de sable, une troupe d’actrices et d’acteurs nous parlent avec les mots de poètes célèbres ou émergents, avec les mots des absents ou ceux de l’irréductible jeunesse. «C’est quelque chose sur l’invisible, sur la quête humaine, sur l’enfance, c’est un peu impressionniste. J’essaie de célébrer tout ça avec les mots et les maux humains.»

Mille teintes

Dans ce nouveau spectacle de Loui Mauffette, la poésie d’hier et celle d’aujourd’hui seront côte à côte. Le mot d’ordre du maître d’œuvre? L’éclectisme. «Ce sont tous des poètes qui viennent d’horizons différents. Ce n’est pas une seule poésie, il ne faut pas que ce soit linéaire. Il faut qu’il y ait de la texture, des odeurs, des sensations. C’est important pour moi de faire visiter différents parfums.»

Des poètes maudits comme Josée Yvon, Denis Vanier, Claude Gauvreau croiseront les mots de Rose Eliceiry, Marjolaine Beauchamp ou David Goudreault. On retrouvera aussi un texte du père de l’artiste, Guy Mauffette, ce grand homme de la radio canadienne. Entre images et silences, Chansons pour filles et garçons perdus est vu par son créateur comme un partage délicat, rien de grandiloquent. «Parfois, on entend les textes et il y a beaucoup de paroles. Mais c’est bien d’avoir aussi des silences, comme dans les films expressionnistes. Des fois, c’est juste le temps qui passe, la respiration de la vie, le regard vers l’autre, le sentiment amoureux. On est face à des petites comme à des grandes choses.»

Chef d’orchestre

Comme les auteurs, les comédiens et comédiennes viennent tous d’horizons différents. Pour Loui Mauffette, il s’agit d’une troupe qui est là «pour célébrer ensemble» et lui est le chef d’orchestre qui a réuni ses artisans. «Il y a beaucoup de fidélité dans l’amour de ces comédiens. Il y a beaucoup d’abandon. Ça prend des acteurs qui s’abandonnent. Ça leur demande beaucoup de courage parce que jusqu’à la dernière minute, je peux changer ou couper les textes.»

Le travail ne finit donc jamais et il y a une complexité dans la manière d’agencer les textes ensemble, dans la manière dont ils se répondent. C’est un enjeu qui taraude l’artiste encore à la veille du spectacle. C’est un défi, d’après lui, que de rendre justice à chaque texte et à chaque interprétation. «Il y a des choses qui nous paraissent évidentes à la lecture, puis quand on les met sur scène, quand on les incarne physiquement, là, ça ne marche pas. Je deviens fou et on retravaille. Les pauvres artisans autour de moi! Mon beau Benoit Landry [co-metteur en scène] qui pense des fois qu’on a trouvé le coffre aux trésors, mais non, on recommence.»

Être choisi par la poésie

À 61 ans, Loui Mauffette a une urgence de vivre et seule la poésie répond à ce vif besoin. Toute sa vie, il a été entouré d’art, comme lorsqu’à la table familiale de Vaudreuil-Dorion se réunissaient des artistes des milieux de la poésie, du spectacle et du théâtre. Mais l’appel est venu plus tard. Au moment précis où il lisait un texte de son père à l’enterrement de celui-ci. «Ça m’a rentré dedans, j’ai commencé à comprendre l’urgence de dire des textes, de se mettre ça en bouche. On n’est pas obligé de tout comprendre.»

Ces grandes célébrations servent aujourd’hui de «remède à mieux vivre» et son souhait est de le partager avec son public, fidèle ou de passage.

À ÉCOUTER : La balado Station PDA – Conversation avec Loui Maufette

Avec : Nathalie Breuer, Guido Del Fabbro, Emilie Gilbert, Kathleen Fortin, Roger La Rue, Benoit Landry, Jean-Simon Leduc, Gabriel Lemire, Macha Limonchik, Mylène Mackay, Catherine Paquin Béchard, Jean-Philippe Perras, Adèle Reinhart, Pierre Lebeau, Marie-Jo Thério

Du 23 avril qu 4 mai au Centre du théâtre d’aujourd’hui
&
Du 9 au 19 mai

À la Cinquième Salle de la Place des Arts
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