Alegria : le Cirque du Soleil surfe sur la nostalgie
Scène

Alegria : le Cirque du Soleil surfe sur la nostalgie

Crée en 1994, ce spectacle de la plus célèbre compagnie circassienne a roulé dans le monde jusqu’en 2014, devant près de 14 millions de spectateurs. Sans parler du succès de sa chanson thème, Alegria. Bref, reprendre ce spectacle aujourd’hui est un excellent coup, ne serait-ce que d’un point de vue marketing. Vu du public, c’est peut-être une autre histoire…

L’équipe derrière Alegria a bien sûr bougé en 25 ans, mais certains repères restent, dans la production – Daniel Ross, aujourd’hui directeur artistique, était en 1994 le régisseur – comme sur la scène – on retrouve même des artistes; celle qui assure le numéro de hula-hoop était par exemple âgée de 12 ans lors de création du spectacle. La musique live est toujours là, menée par un groupe féminin et ses deux chanteuses en noir et blanc incarnant le bien et le mal.

Les costumes ainsi que la musique ont été «réactualisés», et joliment. Si on retrouve les masques grimaçants ou les visages poudrés qui rappellent le carnaval vénitien, on aime le côté un peu Tim Burton de certains costumes (Monsieur Fleur, à la croisée d’Alice au pays des merveilles et Charlie et la chocolaterie), qui ajoute un côté mystérieux et inquiétant contrastant avec les paillettes et la lumière.

Des numéros ont été ajoutés, comme ce superbe moment de roue croisée. On pense aussi à l’incroyable numéro de torches enflammées sur fond de batterie sauvage – un tableau rappelant presque un concert de Rammstein… Une belle rupture dans le rythme et le ton d’Alegria que ce numéro, qui a suscité des ovations méritées; d’autant qu’on a moins l’habitude de voir des numéros de feu au cirque.

Ce spectacle, qui avait à l’époque rendu le Cirque du Soleil célèbre à l’international, est assez représentatif des autres créations de la compagnie. Les moyens de la production donnent lieu à de gros spectacles qui en mettent plein la vue (on pense à cette tempête de neige grandeur nature, juste avant l’entracte), à grands renforts de jeux de lumière, de décors grandioses et d’infrastructures élaborées.

Mais que ceux qui cherchent à voir du nouveau ou de grandes prouesses circassiennes passent leur chemin: on assiste plutôt ici à un gros show chorégraphique, avec une cinquantaine d’artistes sur scène et des tableaux très travaillés dans la synchronisation. Certains numéros perdent d’ailleurs de leur force à cause du nombre d’acrobates présents sur scène et des actions qui se multiplient aux quatre coins du plateau.

Si les numéros et les techniques étaient novateurs il y a 25 ans, certains ont été repris jusqu’à plus soif par d’autres compagnies et ne sont plus aussi surprenants ou avant-gardistes aujourd’hui. Des spectacles du Cirque du Soleil tirent cependant mieux leur épingle du jeu que d’autres, en misant notamment sur la création d’un univers précis, une histoire facile à identifier et à suivre. On pense par exemple à l’enchanteur Corteo, tout en poésie, qui est revenu en piste en décembre dernier 14 ans après sa création.

Avec Alegria, on était malgré tout content de retourner sous le Grand chapiteau, après avoir assisté à plusieurs autres spectacles de la compagnie au Centre Bell. Et le succès était au rendez-vous, notamment lorsque la pièce thème a joué ses premières notes, électrisant le public. Car pour beaucoup, c’est ça qu’ils étaient venus chercher: la nostalgie des années 1990.

Alegria du Cirque du Soleil
jusqu’au 21 juillet
au Chapiteau du Vieux-Port de Montréal
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