Genderf*cker au FTA : Constellation du genre
Scène

Genderf*cker au FTA : Constellation du genre

Après deux étapes de développement présentées en 2018, Genderf*cker, première création de Pascale Drevillon – avec la complicité de Geoffrey Gaquère – s’invite au FTA. Elle construit et déconstruit les archétypes genrés, montrant que l’identité est de plusieurs couleurs. 

Dans cette proposition, l’artiste et comédienne trans Pascale Drevillon confronte notre regard à une pluralité d’alternatives au concept du genre. La performance est un voyage, une exploration du corps dans laquelle la jeune femme modifie son apparence sous nos yeux, désirant ainsi attirer notre attention sur toutes les possibilités qui existent entre les deux archétypes homme et femme.

À travers des images fortes et un propos qui s’est patiemment défini au fil des laboratoires de création, Genderf*cker est une «oscillation constante» entre deux opposés, prouvant que rien n’est figé. «Je pense qu’il y a une parole trans qui est en train de faire son chemin dans les médias, mais elle est encore proposée avec le regard de la majorité, dit Pascale Drevillon. J’essaie de la montrer de l’intérieur afin qu’on s’éloigne des stéréotypes et pour montrer qu’on est capable d’aller puiser dans toutes les catégories.»

Forte de ses allié-es

Très peu de mots sont dits dans la performance. La création est supportée par des extraits vidéos, des photographies et par la retransmission en direct de la métamorphose de Pascale Drevillon. La parole individuelle rejoint alors la force collective et historique d’artistes trans, d’activistes queer et de poètes. «Ce sont des mots traduits et adaptés que je transforme dans le but d’ouvrir l’esprit du spectateur, souligne Pascale. Il y a ma parole et celle des autres. Il y a ma vision et toutes les autres visions, il y a un genre et toutes ses déclinaisons.»

photo Jules Bédard

Malgré quelques emprunts à son expérience personnelle, Genderf*cker n’est pas une autobiographie. «J’essaie de faire en sorte que le show ne soit pas à propos de moi, mais vraiment à propos de cette constellation du genre, cette exploration qui est tellement mystérieuse, même pour moi. On pourrait croire que j’ai des réponses claires parce que je suis trans et que j’ai traversé tout ça, mais ce n’est pas le cas.»

Face à face avec soi-même

Le format performatif permet entre autres de manipuler les points d’entrée du spectateur dans le propos, mais non sa manière de le recevoir et de le comprendre. «On modifie tout le temps le point de vue du spectateur, c’est-à-dire qu’on l’invite à regarder quelque chose avec un oeil toujours différent. Ça lui permet de déambuler autour de l’oeuvre comme s’il était autour d’une sculpture», déclare le directeur artistique Geoffrey Gaquère. Cet univers des possibles est visible à travers les différents angles, les postures, les vêtements ou les accessoires.

D’après Geoffrey Gaquère, c’est grâce à la mise en scène et au matériel documentaire que le spectateur se retrouve plongé dans une sorte de contemplation. «Il ressort avec une connaissance beaucoup plus intime, à la fois intellectuelle et émotive, de la fluidité de genre et de la question de la transidentité, et c’est pour ça que je trouve que c’est un super voyage», affirme-t-il.

«Faire connaissance»

La démarche de ce spectacle engagé vise à déclencher des réflexions et des dialogues sur un sujet très polarisé. «Le show est politique parce qu’il révèle de façon artistique et poétique une partie de notre humanité qui a toujours existé, sous différentes appellations, dit Geoffrey Gaquère. Ce que Pascale propose, c’est de faire connaissance, humainement, politiquement, comme société.» D’ailleurs, chaque performance sera suivie d’une discussion.

«On a un rôle à jouer aussi dans l’avenir de l’humain en général. Si on veut continuer d’ouvrir les portes, d’enlever nos oeillères, il faut qu’on voit que ces options-là existent et sont valides», déclare Pascale Drevillon.