Other Jesus au FTA : À la recherche d'un nouvel évangile
Scène

Other Jesus au FTA : À la recherche d’un nouvel évangile

Travaillant ensemble depuis leur sortie de l’École nationale de théâtre du Canada, Evan Webber et Frank Cox-O’Connell continuent leur exploration de la portée contemporaine des archétypes avec Other Jesus, une pièce dont le sujet n’est pas la chrétienté.

D’abord, pour apprécier le travail de la troupe torontoise, il faut avoir des affinités avec le théâtre épique et cette volonté qu’il a de distancier le spectateur du ressenti pour favoriser le travail intellectuel. La pièce est présentée dans l’atmosphère feutrée de l’église St Jax. La scène est simplement constituée d’une plateforme montée au-dessus de quelques bancs. Les acteurs, les musiciens, l’équipe technique habitent déjà le lieu à l’arrivée du public, souhaitant la bienvenue, discutant entre eux, terminant leurs derniers préparatifs. Il y a une ambiance bon enfant qui promet, rappelant les projets scolaires ou communautaires. Puis, c’est avec un ton comique qui mélange les références passées et actuelles, qu’on nous raconte l’histoire de Jésus (Ishan Davé) et ses copains Mary (Liz Peterson) et Simon, alors qu’il voit sa parole transformée en mouvement.

Avec ses costumes au look fait main, ses accessoires en carton et son décor minimaliste mais ingénieux, la production évoque un petit quelque chose des premières armes du Théâtre du Futur, mais à l’humour moins décapant quoique parfois tout aussi facile (ne jamais sous-estimer le potentiel humoristique d’un «fuck you» bien placé). Du texte émergera une réflexion riche sur l’élévation et la notoriété, sur la possibilité de conserver l’intégrité d’une démarche face au pouvoir et à la communauté, sur le besoin d’impact sur sa société. Si l’on y superpose le travail de la mise en scène à la facture brechtienne, un deuxième propos se développe, portant sur le contexte propice au renouveau, sur la possibilité d’unir ses forces pour créer, sur l’étendue des possibles lorsque les diverses compétences s’associent. Tout cela est fort intéressant, mais le projet se prend juste un peu trop au sérieux pour faire l’unanimité. Le texte finit par s’embourber dans la redite. La proposition de jeu figé à la gestuelle symbolique, au départ si rafraîchissante, devient un poids pour une idée pourtant bien amorcée.

Other Jesus, bien que projet intéressant, ne séduira pas le public avide de catharsis et n’offrira pas assez de matériel pour maintenir l’intellect engagé pendant toute la durée de la représentation.

Other Jesus était présenté dans la cadre du FTA