Bosch Dreams : le jardin des délires
Scène

Bosch Dreams : le jardin des délires

Conçu en hommage au peintre néerlandais, le spectacle des 7 Doigts s’annonce comme le point d’orgue de la programmation de Montréal Complètement Cirque. Une création originale où s’entremêlent cirque, théâtre et film d’animation. 

Il y trois ans, quand les 7 Doigts se fait approcher pour monter un spectacle sur Jérôme Bosch à l’occasion du 500e anniversaire de sa mort, c’est Samuel Tétreault qui prend la direction artistique en charge. «J’ai toujours eu une sensibilité pour les arts visuels», indique le cofondateur de la compagnie circassienne montréalaise; son père dirigeait une galerie d’art contemporain, et il a grandi dans une maison pleine de sculptures et peintures.

Et puis Samuel se souvient d’une visite du musée du Prado il y vingt ans, lors d’une tournée en Espagne du spectacle Allegria où il faisait un numéro: il y avait vu le fameux Jardin des délices du peintre néerlandais. Le triptyque le fascine de par son foisonnement de détails. S’ensuit une visite pèlerinage à la maison de Salvador Dali, dont le travail a été très influencé par son confrère du 15e siècle, qui achève de marquer l’artiste circassien avec l’univers de Jérôme Bosch.

En 2016, Samuel se met donc au travail de création. Il s’agit notamment de donner vie aux œuvres du peintre devant le public; il s’associe alors avec le vidéaste Ange Potier, qui anime les tableaux de Bosch. «J’ai toujours été branché par la fusion du cinéma et de l’action live, confie le directeur artistique. Comment créer des passages entre regarder un film et regarder un spectacle? La grande force de Bosch Dreams, c’est d’être composé d’un tiers de cirque, un tiers de théâtre et un tiers d’animation.»

De Salvador Dali à Jim Morrison

Cette création hybride compte quatre courts métrages et sept numéros circassiens – c’est environ le double dans un spectacle de cirque plus classique. Le spectacle mêle ainsi les œuvres de Bosch à des informations sur sa vie. «On a pris le parti de faire quelque chose d’accessible. On veut parler autant aux aficionados de Bosch qu’à ceux qui ne le connaissent pas», explique Samuel. On peut ainsi voir dans son spectacle différents niveaux de lecture, pour chaque public.

Dans Bosch Dreams, 7 artistes circassiens interprètent 21 personnages. On rencontre ainsi un professeur d’histoire de l’art, sa petite-fille, une étudiante, et l’espace-temps s’emmêle pour amener également Salvador Dali, Jim Morrison (grand amateur du peintre néerlandais, auquel il a d’ailleurs consacré un mémoire) ainsi que Bosch lui-même. La trame narrative, qui emprunte parfois au rêve psychédélique, d’où le nom du spectacle, revient sur la dernière minute de vie du peintre.

Humour et masques

«On reprend ce que Bosch a exprimé dans son œuvre, et qui est encore pertinent aujourd’hui: l’opposition entre le bien et le mal, la conscience, le fait de remettre l’individu au centre… C’est aussi une réflexion sur ce que laisse un artiste derrière lui après sa mort», indique Samuel. Pour la première fois, les 7 Doigts a travaillé avec des masques, donnant vie aux monstres et aux bouffons de Bosch. «Mais on ne reste pas dans son côté monstrueux et torturé, assure le directeur artistique. On dose ça pour que ça reste lumineux et positif, avec un côté humoristique aussi.»

Après trois ans de tournée dans le monde, Bosch Dreams arrive enfin à Montréal, pour ses dernières représentations et uniques dates sur le continent. En attendant, la vente de billets bat déjà des records de rapidité pour ce spectacle, qui conjugue le nom d’une grande compagnie de cirque et celui d’un peintre renommé. «Ce n’est pas un spectacle signature des 7 Doigts, mais ça reste une œuvre iconique», conclut Samuel. Un spectacle avec lequel la compagnie a exploré pour la première fois de nouvelles avenues, comme le film animé… Ce qui pourrait bien inspirer les directeurs artistiques pour de prochaines créations.

Bosch Dreams
par les 7 Doigts

du 4 au 14 juillet
à la salle Pierre-Mercure
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