Tshishikushkueu, d'après Bleuets et abricots : Assoiffée d'horizon
Scène

Tshishikushkueu, d’après Bleuets et abricots : Assoiffée d’horizon

Trois ans après la parution du recueil de poésie Bleuets et abricots, Natasha Kanapé Fontaine adapte celui-ci pour la scène et entame un voyage intime en territoires ancestraux, à la découverte du peuple innu, d’elle-même et de la colonisation de l’Amérique.

L’artiste multidisciplinaire se déplace dans un grand cercle rouge, dessiné au sol. Elle marche à l’intérieur de ses limites pour en explorer les moindres recoins, à l’image du territoire qu’elle rencontre, et en découvre autant les trésors cachés que les douleurs du passé. Chants en innu-aimun, slam, poésie, danse: Natasha Kanapé Fontaine évoque et incarne la force et la résilience de la femme autochtone au fil des siècles à l’aide de disciplines qu’elle maîtrise avec brio. L’artiste traverse le temps et les époques, se bute à la trahison des colonisateurs, aux souffrances endurées, revisite l’origine des peuples, mais appelle surtout la beauté des rituels anciens, la reconquête de soi et du peuple innu, le tout à travers de magnifiques tableaux sobrement mis en valeur par des projections de paysages.

L’artiste est parfaitement en contrôle d’elle-même dans ce spectacle aux moments bouleversants, comme cette scène où elle semble vouloir délivrer son corps comme celui de ses ancêtres d’un lourd secret trop longtemps gardé. Dans un tableau très touchant, où elle quitte les limites physiques de son territoire dessiné, elle vient à la rencontre du public pour évoquer avec lui Papakassik, le maître du caribou. Seul bémol dans cet ensemble poétique: le manque de rythme qui marque les transitions des différents tableaux alourdit quelque peu l’ensemble du spectacle.

Tshishikushkueu est un fabuleux voyage au cœur des territoires intérieurs, une invitation à découvrir la culture innue et mieux comprendre les luttes modernes autochtones.

Jusqu’au 7 septembre à La Chapelle
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