Lentement la beauté : Envoyer valser le temps
Scène

Lentement la beauté : Envoyer valser le temps

En 2004, la pièce Lentement la beauté connaissait un immense succès auprès de la critique et du public. Pour souligner le 15e anniversaire de la publication de ce magnifique texte, le Théâtre Niveau Parking redonne vie à ce classique toujours aussi vibrant. 

C’est l’histoire d’un gars ordinaire. Un père de famille et un mari aimant, qui travaille quotidiennement d’arrache-pied dans son bureau de fonctionnaire pour faire vivre sa famille convenablement. Un scénario où tout semble se dérouler à merveille jusqu’à ce que l’homme assiste par hasard à une représentation des Trois soeurs d’Anton Tchekhov, qui renverse complètement toutes les assises de sa vie rangée.

Lentement la beauté   (crédit : Nicola-Frank Vachon)

L’intrigue de la pièce, écrite à plusieurs mains par un collectif d’acteurs, est plutôt linéaire. On s’est aussi permis de mettre à jour quelques passages du texte pour y glisser de sympathiques clins d’œil à notre ère d’environnementalistes et d’accros à Netflix. C’est que l’essentiel de Lentement la beauté repose sur notre identification à l’univers du protagoniste, où le travail et la productivité sont toujours rois et maîtres. La mise en abyme (la présence d’une pièce de théâtre à l’intérieur d’une pièce de théâtre) demeure toujours très pertinente, alors que les répliques de Tchekhov sont habilement intégrées dans la mise en scène par Michel Nadeau. Incidemment, le public est invité à une réflexion sur le théâtre, sur le travail, mais surtout sur la notion du temps.

À ce chapitre, les jeux de vitesse et la poétisation des minutes qui passent constituent une grande partie du spectacle, impliquant aussi de nombreuses transformations d’espace dans le décor minimaliste de Monique Dion, supporté par des éclairages magnifiques conçus par Denis Guérette. Les changements de costumes sont également vifs et surprenants, grâce à l’efficacité d’une brillante distribution de comédiens. Deux d’entre eux faisaient d’ailleurs partie de la création de la pièce : mentionnons la performance d’Hugues Frenette dans le rôle central sur lequel le spectacle repose ainsi que celle de Véronika Makdissi-Warren, méconnaissable dans les multiples volte-face des personnages qu’elle incarne avec juste assez de retenue.  

On rit de nos travers humains à plusieurs reprises pendant les presque deux heures que durent la soirée, malgré que certaines blagues semblent s’adresser plus particulièrement aux initiés du théâtre. Cette proposition renouvelée du Théâtre Niveau Parking apporte à la scène plusieurs moments touchants au cœur d’un voyage dans la tête d’un individu moyen, qui s’effondre et renaît sous nos yeux. Nul besoin de s’être questionné sur le sens de la vie, comme le propose Les trois sœurs, pour voir son reflet dans le miroir de ce récit théâtral. Quoique la morale de cette histoire nous apparaisse un peu redondante, il est toujours utile de se faire rappeler d’apprécier plus souvent, plus lentement, la beauté. 

Lentement la beauté
Jusqu’au 12 octobre
à La Bordée
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