Numain à La Chapelle : Seuls ensemble
Stéphane Crête partage la scène avec une poupée en silicone dans un spectacle solo absolument fascinant.
Le dévoilement de la poupée, avec ses perruques, vêtements et objets intimes, bien enveloppée de plastique et de tissu, ressemble à un dévoilement froid et clinique d’objets incongrus, un rituel troublant qui semble durer une éternité. Si elle représente, bien entendu, un objet ou une entité sexuelle, la poupée est ici maniée comme une compagne, tantôt partenaire de danse, tantôt objet de désir. Accompagné d’une trame sonore envoûtante, le comédien cherche à créer un lien physique, bien au-delà de la sexualité, avec sa partenaire de jeu. À travers une danse de corps entremêlés, contorsionnés, presque disloqués, un jeu de domination fantasmé, une recherche vaine d’approbation par la séduction, Stéphane Crête découvre les possibilités physiques et intimes de la poupée.
Transformée en figure dominante ou bien sacrée, la poupée est utilisée dans de nombreux tableaux très réussis qui tentent de l’humaniser. Lorsqu’elle atteint ses limites en tant qu’objet, c’est tout le désespoir de l’homme qui prend le dessus. C’est là où tout bascule et s’effondre; la poupée n’est qu’accessoire et sa fonction ne peut remplacer le toucher, la nécéssité de l’intimité et du contact humain. L’ensemble est bouleversant et présente la solitude comme un mal envahissant et douloureux.
La forte présence scénique de Stéphane Crête offre des moments troublants dans ce spectacle exploratoire réussi. Un véritable tour de force par un comédien fort talentueux.
Jusqu’au 12 octobre
à La Chapelle
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